Treize ans après la mort de la gendarme Myriam Sakhri, retrouvée sans vie dans son logement de fonction de la caserne Delfosse à Lyon en septembre 2011, son dossier reste enlisé dans l’incertitude judiciaire. Alors que ses proches attendaient une décision ferme de la chambre de l’instruction, le délibéré a une nouvelle fois été prorogé, cette fois au 15 janvier 2026, prolongeant un cycle d’attente et de frustration pour la famille. Cette décision, sobrement annoncée par un huissier, a été vécue comme un nouveau choc pour des proches mobilisés depuis des années.
L’enquête initiale, menée par l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), avait conclu à un suicide pour raisons personnelles, une version contestée dès l’origine par la famille. Pour eux comme pour leur avocat, Me Vincent Brengarth, de nombreux éléments justifieraient une réévaluation profonde du dossier. Le magistrat estime d’ailleurs que la succession de renvois manifeste une forme de malaise judiciaire, signe selon lui que les faits méritent un nouvel examen. Si aucune charge ne subsistait, argue-t-il, une telle inertie n’aurait pas lieu d’être.
Une lettre bouleversante
Au cœur des interrogations figure notamment une lettre bouleversante que Myriam Sakhri avait adressée à sa hiérarchie quelques mois avant sa mort. Elle y dénonçait des propos racistes attribués à trois collègues, précisant que les insultes « bougnoule », « boukak » ou encore « youpin » faisaient partie du quotidien. L’IGGN avait pourtant conclu à l’absence de racisme, une position qui avait conduit la justice à classer l’affaire en 2016.
L’ouverture d’une nouvelle information judiciaire en 2021 avait suscité un espoir : celui de voir enfin émerger des réponses. Mais depuis, le dossier semble figé, suspendu aux décisions successives de la chambre de l’instruction. Pour la famille, cette attente interminable s’apparente à une seconde épreuve, faite de déplacements, d’espoirs déçus et d’un besoin impérieux de vérité.
En prorogeant son délibéré, la justice laisse une nouvelle fois en suspens un dossier déjà chargé d’émotion et de zones d’ombre. Et, pour les proches de Myriam Sakhri, l’exigence demeure la même : comprendre ce qui s’est réellement passé en 2011 et obtenir, enfin, une réponse à treize années de doute.

