La protection des élus locaux, en particulier des maires, devient un enjeu majeur pour la gendarmerie nationale. À l’approche d’un contexte électoral tendu, et en plein congrès des maires, le directeur général de la gendarmerie, le général Hubert Bonneau, rappelle que les élus sont aujourd’hui « en première ligne » face à une augmentation préoccupante des incivilités et agressions. Avec une compétence territoriale couvrant 96 % des communes françaises – essentiellement rurales et périurbaines –, la gendarmerie se positionne comme un partenaire indispensable des édiles.
Des chiffres inquiétants
Selon les données du Centre d’analyse et de lutte contre les atteintes aux élus (Calea), 2.500 procédures liées à des atteintes envers des élus ont été enregistrées en 2024, un niveau proche des 2.800 recensées en 2023. La tendance 2025 semble se stabiliser, mais la réalité demeure inquiétante : environ 70 % des agressions sont des menaces ou des outrages, et un élu sur dix subit des violences physiques dans l’exercice de ses fonctions. Pour le général Bonneau, ce phénomène traduit une « perte de repères » et une érosion du respect de l’autorité au sein de la société.
Un pack sécurité
Pour répondre à cette évolution, la gendarmerie a participé à la création du Calea et contribué au développement d’un pack sécurité dédié aux élus. Ce dispositif comprend un numéro de signalement, l’application Gend’Élus, ainsi que des diagnostics de sécurité portant sur les mairies et les domiciles des élus. Il vise à encourager la déclaration systématique des atteintes et à proposer un accompagnement opérationnel.
La prévention occupe également une place centrale. Le GIGN a conçu une formation spécifique à la gestion des incivilités et à la désescalade. Les négociateurs y enseignent les techniques verbales, comportementales et physiques permettant de désamorcer une confrontation ou de limiter les risques lors d’une agression. À cela s’ajoute une cellule d’aide psychologique, mise en place en partenariat avec la Fédération France Victimes.
Les autres risques
Le général Bonneau insiste enfin sur l’importance d’« écouter les maires ». Leurs problématiques – déchets sauvages, occupations illicites, cambriolages, cyberattaques – deviennent autant de priorités opérationnelles pour les brigades. En 2024, l’Anssi a recensé 144 cyberattaques visant des communes, confirmant l’importance de la sensibilisation aux risques numériques. Les trafics de stupéfiants constituent également un autre champ d’action, la gendarmerie multipliant ses efforts sur les axes routiers, ferroviaires et littoraux, jusqu’aux ports de plaisance et zones rurales.

