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L’orpaillage en Guyane : des autorités débordées face à une ruée incontrôlable

En Guyane française, la lutte contre l’orpaillage illégal semble avoir atteint un point de saturation. Selon le général Loïc Baras, commandant de la gendarmerie locale, les moyens engagés dans le cadre de l’opération « Harpie » — environ 280 gendarmes et militaires — ne suffisent plus à enrayer une ruée vers l’or alimentée par la flambée spectaculaire des cours du métal jaune. Le prix de l’or est passé de 35 euros le gramme en 2017 à 115 euros en 2025, déclenchant une fièvre extractive difficile à contenir.

Cette année, près de 8 000 garimpeiros, des chercheurs d’or clandestins, sont actifs sur environ 591 sites illégaux. Ils auraient extrait près de six tonnes d’or, soit six fois plus que la production de la filière légale, qui reste marginale face à l’ampleur du phénomène. La majorité de ces sites se concentrent dans la région du Haut-Maroni, le long d’un fleuve qui sert à la fois de voie d’accès et de frontière naturelle.

Une coopération au point mort

Le principal point de blocage réside dans la coopération internationale. La Guyane partage plus de 520 kilomètres de frontière avec le Suriname, un pays accusé de servir de base arrière logistique et commerciale pour les réseaux d’orpaillage. Selon le WWF, près de 80 % de l’or extrait illégalement en Guyane est revendu au Suriname, où il est plus facilement écoulé. La porosité de cette frontière fluviale rend les contrôles extrêmement complexes et affaiblit l’efficacité des opérations françaises.

Au-delà de l’enjeu sécuritaire, les dégâts environnementaux et sanitaires sont dramatiques. Chaque année, l’orpaillage illégal détruit environ 150 hectares de forêt et ravage près de 100 kilomètres de cours d’eau. Depuis 2003, ce sont plus de 3 600 kilomètres de rivières qui ont été dégradés. L’usage massif du mercure pour séparer l’or des sédiments empoisonne gravement les populations amérindiennes, exposées durablement à l’un des métaux lourds les plus toxiques, transformant une crise minière en urgence écologique et humanitaire.

Rédigé par pandore

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