Le n°2 du Psig de Rennes muté d’office à Pontivy sur fond d’enquête disciplinaire
Le tribunal administratif de Rennes vient de confirmer la mutation contestée du major Pierre X, numéro deux du Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (Psig) de Rennes. Cette décision intervient alors que l’officier est visé par une enquête interne et des accusations graves de violences et de propos déplacés.
Une mutation jugée « disproportionnée » par la défense
Le 19 juin 2025, Pierre X a été muté d’office à la Brigade territoriale autonome (BTA) de Pontivy, avec une prise de poste fixée au 16 août. Selon son avocat, cette décision constitue une « sanction disciplinaire déguisée » et une « erreur manifeste d’appréciation », car son client n’a jamais exercé dans un service d’enquête.
L’adjoint au commandant du Psig contestait aussi la mutation pour des raisons familiales. Bénéficiant d’un logement de fonction à Rennes, il y héberge son fils de 18 ans et sa compagne. Le jeune homme, engagé dans un contrat d’alternance, dépend de ce logement pour travailler dans un supermarché rennais. Sa mère, résidant à Bruz, aurait difficilement pu l’héberger compte tenu des contraintes horaires de son emploi. La défense a également insisté sur le soutien dont bénéficierait Pierre X au sein de son unité et sur l’impact psychologique de l’enquête en cours.
L’administration invoque « l’intérêt du service »
Face à ces arguments, le ministère de l’Intérieur a souligné qu’aucun poste correspondant au grade du major n’était disponible à Rennes. Depuis mars 2025, il avait été temporairement affecté au « bureau des soutiens opérationnels », mais cette situation ne pouvait perdurer. Pour l’administration, les procédures pénales et disciplinaires en cours rendaient nécessaire son éloignement de la circonscription rennaise.
De plus, la BTA de Pontivy connaît un sous-effectif important, avec deux postes de sous-officiers supérieurs vacants. Le juge des référés a donc estimé que la mutation n’était pas une sanction mais une mesure légitime « dans l’intérêt du service ».
Des accusations lourdes
L’affaire trouve son origine dans un courrier anonyme reçu en octobre 2024 par le commandement régional de la gendarmerie. Une femme, se présentant comme compagne d’un gendarme du Psig, dénonçait des comportements inappropriés du commandant et de son adjoint, Pierre X.
Une enquête interne a révélé que ce dernier aurait porté des coups à des personnes interpellées lors d’opérations en septembre 2023 à Noyal-Châtillon-sur-Seiche et en avril 2024 à Chartres-de-Bretagne. Plusieurs militaires de son unité ont corroboré ces accusations, conduisant à la saisine du procureur de la République.
Par ailleurs, il est reproché au major d’avoir eu un comportement déplacé envers ses subordonnés : remarques sur le poids de certains agents et propos sexistes à l’encontre d’une militaire. Autant d’éléments ayant créé un « trouble » dans l’unité et affecté son bon fonctionnement.
Une procédure encore ouverte
Si la demande de suspension de sa mutation a été rejetée, l’affaire n’est pas close. Le dossier sera réexaminé par une formation collégiale de trois juges du tribunal administratif de Rennes dans un délai estimé entre 18 mois et deux ans.
Dans l’hypothèse où Pierre X obtiendrait gain de cause, il pourrait prétendre à des indemnisations pour les préjudices subis. En attendant, il doit rejoindre Pontivy, malgré ses réticences, afin de laisser la justice et l’administration poursuivre leurs investigations.