Les récentes révélations médiatiques sur les affrontements de Sainte-Soline, en mars 2023, ont relancé le débat sur le maintien de l’ordre en France. Mediapart et Libération ont publié des vidéos issues des caméras-piétons de gendarmes, mettant en avant des propos jugés inacceptables et des gestes qualifiés de non réglementaires. Le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a fermement condamné ces comportements tout en refusant de parler de « violences policières », insistant sur le contexte d’une manifestation interdite marquée par une violence d’une intensité inédite.
En effet, ce rassemblement contre les « mégabassines » n’avait pas été autorisé et a dégénéré en affrontements d’une rare brutalité : jets de pierres, cocktails Molotov, mortiers artisanaux, barres de fer. Quarante-cinq gendarmes ont été blessés, parfois grièvement. Dans un tel contexte, la riposte, bien que ferme, apparaît comme une réponse nécessaire et globalement proportionnée. L’emploi de grenades et de tirs tendus visait avant tout à maintenir la distance et à protéger la vie des militaires, pas à infliger des blessures. Comme l’a rappelé un ancien officier de la Gendarmerie mobile, ces techniques sont destinées à « créer un espace de sécurité » et à éviter le contact direct, potentiellement mortel, avec des assaillants déterminés.
Les critiques formulées à l’encontre des forces de l’ordre oublient trop souvent cette réalité : les gendarmes n’affrontaient pas une foule pacifique, mais des groupes organisés et violents, proches de mouvances radicales comme les Black Blocs. Dans un climat de chaos, sous le feu des projectiles et des flammes, la tension, la peur et l’adrénaline peuvent provoquer des mots déplacés. Ces propos, certes regrettables, ne doivent pas occulter l’essentiel : la maîtrise et le professionnalisme dont ont fait preuve la majorité des effectifs. Comme l’a souligné Laurent Nuñez, les forces de sécurité intérieure doivent être respectées : elles exercent la « violence légitime de l’État », encadrée par le droit et la hiérarchie.
La rigueur de l’Institution
La Gendarmerie nationale a d’ailleurs reconnu des manquements déontologiques isolés et a immédiatement ouvert une enquête administrative. Loin d’une culture de l’impunité, cette transparence témoigne au contraire de la rigueur de l’institution. Dans d’autres pays, un tel affrontement aurait pu virer au drame. À Sainte-Soline, aucun mort n’est à déplorer, preuve du sang-froid et du sens du devoir des gendarmes.
Face à une violence planifiée et massive, ils ont tenu leur position, protégé leurs camarades et évité l’irréparable. Les accuser aujourd’hui de brutalité sans rappeler le contexte revient à ignorer la réalité du terrain. À Sainte-Soline, les gendarmes n’ont pas déchaîné la violence : ils l’ont contenue, avec courage.
Jeremy Armante
Directeur de Publication

