en

« Contre les violences faites aux femmes, la gendarmerie doit être partout où les victimes ont besoin d’elle »

– À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, la gendarmerie nationale réaffirme son engagement total face à un phénomène qui touche encore des dizaines de milliers de victimes chaque année. En 2024, plus de 118 000 femmes ont subi des violences conjugales et 31 000 ont été agressées dans l’espace public. Pour évoquer les enjeux, les actions de terrain et les priorités à venir, nous recevons aujourd’hui le nouveau porte-parole de la gendarmerie, le lieutenant-colonel Erwan Coiffard. Il revient avec nous sur la diversité des violences, les dispositifs mis en place pour mieux protéger les victimes et l’évolution d’une institution qui compte désormais 25 % de femmes dans ses rangs.

– Le Pandore et la gendarmerie : Quels sont les types de violences faites aux femmes ?

Lieutenant-colonel Erwan Coiffard :Lesviolences faites aux femmes recouvrent un large éventail de comportements, du harcèlement aux violences physiques les plus graves. Elles prennent la forme de violences sexuelles et sexistes dans l’espace public — comme les outrages sexistes ou sexuels, le harcèlement, les agressions sexuelles ou le viol — mais aussi de violences intrafamiliales, qui restent les plus fréquentes. Elles peuvent également être numériques, comme le revenge porn. Toutes ces violences sont pénalement sanctionnées : de l’amende pour les outrages jusqu’à la réclusion criminelle pour les viols.

En 2024, plus de 118 000 femmes ont été victimes de violences conjugales et 31 000 de violences dans l’espace public.

La gendarmerie agit sur l’ensemble de ces phénomènes, dans le foyer comme dans l’espace public, pour protéger les victimes, faciliter le dépôt de plainte et prévenir la répétition des faits.

– Quels sont les principaux dispositifs de la gendarmerie aujourd’hui dans le cadre de ces violences faites aux femmes ?

La gendarmerie déploie aujourd’hui un ensemble de dispositifs complets pour lutter contre les violences faites aux femmes, qu’elles relèvent du cadre familial ou de l’espace public. Sa priorité est de faciliter la révélation des faits, d’accompagner les victimes et de prévenir les situations à risque.

D’abord, la proximité : la gendarmerie renforce sa présence sur le terrain grâce aux nouvelles brigades, aux brigades mobiles, aux « Gend Truck » ou aux points d’accueil délocalisés en mairies et centres commerciaux. Ces dispositifs permettent d’aller vers les victimes, y compris dans les zones rurales exposées à l’isolement. Les gendarmes disposent d’outils mobiles (NEOGEND, programme Ubiquity) pour recueillir la plainte où se trouve la victime, et travaillent aussi en milieu hospitalier pour faciliter un recueil de preuves même sans dépôt de plainte. La proximité est également numérique, via la Brigade numérique, l’application MaSécurité et la Plateforme numérique d’assistance aux victimes (PNAV), accessible 24h/24.

Ensuite, l’accompagnement professionnel et de qualité : la gendarmerie s’appuie sur une chaîne fonctionnelle structurée comprenant des référents VIF dans les unités, 104 Maisons de protection des familles (MPF) et des personnels formés selon un cursus à trois niveaux. Les formations intègrent des notions actualisées comme la soumission chimique ou le consentement. Des audits réguliers, menés par l’IGGN selon le principe du « client mystère », évaluent et améliorent la qualité de l’accueil.

La protection repose aussi sur la bonne prise en compte du risque : grille d’évaluation du danger, Bracelet anti-rapprochement, fichier SIP pour signaler les situations sensibles, et accès aux solutions d’hébergement d’urgence. Le futur Fichier de prévention des violences conjugales vise à mieux identifier et anticiper les risques. Les interventions privilégient la judiciarisation, avec des auditions standardisées, la proscription des mains courantes et la recherche systématique d’armes.

Enfin, la gendarmerie agit en prévention, notamment dans les établissements scolaires, et multiplie les partenariats avec les associations (3919, FNCIDFF, France Victimes) pour assurer un accompagnement global. L’ensemble de ces dispositifs vise à protéger, soutenir et redonner une voix aux femmes victimes de violences.

– Quelles sont vos futures priorités en la matière ?

Nos priorités sont de renforcer encore la proximité avec les victimes, d’améliorer la détection des situations à risque et de poursuivre la montée en compétence des unités spécialisées. Nous déploierons de nouveaux outils comme le Fichier de prévention des violences conjugales et développerons nos partenariats pour garantir une prise en charge rapide, protectrice et coordonnée.

Entretien : Jean-Claude Seguin

Rédigé par pandore

Laisser un commentaire

La droite sénatoriale sonne l’alarme : un plan en 17 mesures pour « réarmer » la République face à l’islamisme