La cinquième édition des Rencontres AGIR, organisée mardi 2 décembre 2025 au Beffroi de Montrouge, a confirmé son statut d’évènement incontournable pour tous ceux qui veulent réinventer l’action publique grâce à l’innovation. Créé en 2021 par la Gendarmerie nationale, ce salon pas tout à fait comme les autres s’est imposé en seulement quelques années comme un carrefour stratégique entre administrations, industriels, chercheurs et collectivités. Une formule qui fonctionne — et qui a de nouveau rencontré un vif succès.
AGIR, pour « Accompagnement par la Gendarmerie de l’Innovation, de l’Industrie et de la Recherche », repose sur une idée simple mais révolutionnaire dans le paysage des salons professionnels : ce ne sont pas les entreprises qui viennent présenter des solutions déjà prêtes, mais les administrations qui expriment leurs besoins. L’innovation ne part donc pas de l’offre, mais de la demande. Les acteurs privés n’arrivent pas avec un catalogue, mais avec leur capacité d’écoute et d’adaptation. Résultat : des solutions sur-mesure, pensées au plus près des réalités de terrain, et un processus qui débouche souvent sur des collaborations concrètes.
Un large périmètre d’acteurs publics
L’édition 2025 a confirmé l’ampleur grandissante du salon. Autrefois centré uniquement sur la Gendarmerie, l’évènement rassemble désormais un large périmètre d’acteurs publics : Police nationale, Douanes, Armées, ministères de l’Intérieur, de la Justice, de l’Économie, mais aussi polices municipales et services départementaux d’incendie et de secours (SDIS). Le cercle s’étend également à l’international, avec cette année la présence de délégations venues de Jordanie, du Canada, du Qatar ou encore du Congo. Une ouverture qui témoigne de l’attractivité d’un modèle désormais reconnu comme une référence dans le secteur public.
Le cœur d’AGIR, ce sont les fameux speed-meetings : des rendez-vous ultra-rapides de 15 minutes entre porteurs de besoins et entreprises innovantes. Avant le salon, les administrations déposent sur une plateforme dédiée leurs attentes précises : nouvelles technologies pour les enquêtes, outils de cybersécurité, moyens de communication, solutions logistiques, innovations RH, gestion de l’énergie… Les industriels s’inscrivent ensuite sur les projets qui correspondent à leur expertise. Le jour J, les rencontres s’enchaînent, permettant une première prise de contact essentielle. Ce format court n’a rien d’anecdotique : il sert de déclencheur à des collaborations qui se poursuivent souvent sur plusieurs mois. C’est ainsi que des partenariats solides ont émergé lors des éditions précédentes.
Un beau succès
Les chiffres de 2024 donnaient déjà la mesure du phénomène : près de 900 participants, 125 directeurs de programme issus de multiples administrations, plus de 2 000 mises en relation et plus de 1 000 rendez-vous organisés. Une dynamique qui semble se poursuivre en 2025, portée par l’envie croissante des acteurs publics de travailler autrement, plus vite et en interaction directe avec l’écosystème industriel.
En parallèle des rencontres professionnelles, AGIR propose un ensemble de tables rondes et d’ateliers interactif. Les thématiques explorent largement les enjeux contemporains : cybersécurité, intelligence artificielle, gestion des données, opérations de terrain, logistique, communication, stratégie, achats, énergie, mobilité, mais aussi aspects humains et organisationnels comme la santé des personnels ou les ressources humaines. Le salon sert ainsi de lieu d’acculturation et de compréhension globale de l’innovation publique. La présence de chercheurs, de laboratoires et d’universitaires renforce encore cette dimension.
Un salon qui génère de gros projets
AGIR n’est pas seulement un lieu de rencontres, c’est aussi un tremplin pour les solutions déjà en maturation. Plusieurs projets nés ou accélérés grâce au salon ont déjà fait leurs preuves. Kayrros, par exemple, a développé avec les services de l’État des outils de surveillance géospatiale basés sur l’IA. Crosscall a travaillé en co-développement avec la Gendarmerie sur des accessoires opérationnels utilisés lors des Jeux Olympiques 2024. Oppscience, de son côté, a accompagné les forces de sécurité dans l’exploitation de données pour l’enquête et la prise de décision. Ces exemples illustrent parfaitement ce que le salon revendique : une innovation utile, adaptée et immédiatement applicable.
L’édition 2025 a également mis en lumière l’innovation interne, à travers la remise des prix des Ateliers de l’innovation et du Prix de la prévention. Parmi les projets primés figurent un système de lutte anti-drone capable de détecter un appareil et de localiser en temps réel son télépilote ; une solution d’intelligence artificielle pour accompagner les utilisateurs dans les applications métier ; ou encore un logiciel de formatage textuel utilisé notamment pour l’audition de mineurs. Des outils simples, efficaces et créés par des personnels confrontés au quotidien aux contraintes opérationnelles.
Plusieurs récompenses
Les initiatives de prévention ont elles aussi été récompensées : un scénario de prévention dans l’univers du jeu vidéo Fortnite, destiné à sensibiliser les jeunes aux risques numériques ; un dispositif ludique pour aborder la notion de consentement auprès des enfants ; et un escape game sur le harcèlement et le cyberharcèlement. Des approches originales qui montrent que l’innovation ne se limite pas aux technologies de pointe, mais s’inscrit aussi dans la pédagogie et l’accompagnement.
Le succès impressionnant de cette cinquième édition confirme la pertinence du modèle AGIR. En réunissant administrations, entreprises, chercheurs et acteurs internationaux autour de besoins concrets, le salon accélère la transformation des services publics. Il rend l’innovation plus accessible, plus opérationnelle, plus rapide. Le général Martin a déjà confirmé qu’une nouvelle édition aurait lieu l’an prochain, avec des inscriptions ouvertes dès juin. À ce rythme, AGIR semble bien parti pour devenir l’un des principaux rendez-vous européens de l’innovation publique.
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