Quatorze ans après la mort de la gendarme Myriam Sakhri dans une caserne lyonnaise, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Lyon doit rendre, ce jeudi 4 décembre, une décision cruciale : l’affaire sera-t-elle renvoyée en procès ? Ce moment judiciaire très attendu pourrait marquer un tournant dans un dossier longtemps considéré comme clos.
Le 24 septembre 2011, la jeune militaire était retrouvée sans vie dans son logement de fonction, au sein de la caserne Delfosse. Assise sur son canapé, touchée à l’abdomen par une balle de 9 mm tirée avec son arme de service placée à ses pieds, elle ne présentait aucune trace de lutte. Rapidement, l’enquête interne de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) concluait à un suicide lié à « des raisons personnelles ». Une thèse aussitôt contestée par les proches de la gendarme, convaincus que le geste de Myriam Sakhri ne pouvait être compris sans évoquer le climat professionnel dans lequel elle évoluait.
Harcèlement moral
Pour la famille, la trentenaire aurait subi un harcèlement moral répété, nourri selon eux de propos racistes au sein de sa hiérarchie. « Myriam a subi un contexte de racisme désormais établi par des témoignages récents. La justice doit réparer », plaide leur avocat, Me Vincent Brengarth. Dès 2012, la famille dépose plainte, dénonçant un manque d’impartialité dans l’enquête. Mais un non-lieu est prononcé en 2013, confirmé en appel puis en cassation.
Le dossier semblait figé jusqu’à ce qu’en 2021, une amie de la famille recueille de nouveaux témoignages de gendarmes et d’ex-gendarmes, relançant la procédure. Le parquet général réclame alors la réouverture d’une information judiciaire, cette fois pour « harcèlement » et « homicide involontaire ». Une perspective qui redonne espoir à la famille de voir un jour les responsabilités pleinement examinées.
Le 9 octobre dernier, une audience à huis clos a permis de présenter ces nouveaux éléments devant la chambre de l’instruction. Celle-ci doit désormais dire si l’affaire peut être renvoyée devant un tribunal, si un supplément d’information est nécessaire… ou si un nouveau non-lieu sera prononcé.
La décision attendue ce jeudi pourrait sceller le destin judiciaire d’un dossier devenu emblématique, à la croisée des questions de harcèlement, de racisme institutionnel et de transparence au sein des forces de l’ordre.
