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L’ex-patron du GIGN et 18 autres prévenus jugés dans une affaire de fuites et trafic d’influence

Un escroc de stars, un ex-directeur de la PJ, l’ex-fondateur du GIGN, un ex-secrétaire d’État… Au procès qui s’est ouvert à Paris ce lundi 12 septembre 2022, plusieurs personnalités seront assises sur le banc des prévenus pour une affaire datant de 2014.

C’est une affaire de fuites, à tiroirs, filandreuse comme le sont les histoires mêlant un escroc, des policiers et une ex-figure des forces de l’ordre, sans oublier un homme politique… C’est cette affaire noueuse qu’à commencé à juger le tribunal correctionnel de Paris, depuis ce lundi 12 septembre  et jusqu’au 7 octobre. Dix-neuf personnes sont jugées.

Tout commence avec Christophe Rocancourt, 55 ans, connu pour avoir arnaqué de riches américains dans les années 1990, à Hollywood et New York. Il a été condamné à de multiples reprises notamment en Suisse, au Canada et aux États-Unis. En France, en février 2012, il avait écopé de 16 mois de prison, dont huit fermes, ainsi que 578 000 € de dommages et intérêts pour abus de faiblesse au préjudice de la réalisatrice Catherine Breillat.

Dans cette affaire, il est notamment soupçonné d’avoir tenté, au printemps 2014, avec son ancien avocat Maitre Ceccaldi, de faire régulariser, moyennant paiement, deux Marocaines sans-papiers. Pour cela il aurait sollicité l’intervention de l’ancien chef du GIGN Christian Prouteau et de l’ex-secrétaire d’État Kofi Yamgnane.

Christian Prouteau : une intervention rémunérée ?

À la barre, M. Prouteau, 78 ans a concédé mercredi à plusieurs reprises sa « naïveté ».

Il « regrette »

Son intervention dans ce dossier, qu’il reconnaît, il la « regrette vraiment. J’ai huit ans de ma vie impactés par cette affaire dans laquelle je n’ai pas fait quelque chose, j’ai voulu rendre service, ça me revient en boomerang. »

Sous le regard de Me Ceccaldi mais pas de M. Rocancourt, absent depuis le début du procès pour cause de Covid, M. Prouteau a mis en cause le premier, « déloyal » selon lui dans la présentation tronquée qu’il lui aurait faite du dossier des deux Marocaines.

Quant à Rocancourt, il n’a fait d’après lui que le « mettre en relation » avec Ceccaldi. « Rocancourt tout seul m’aurait demandé (une intervention), sincèrement, je ne l’aurais pas fait », a souligné celui qui a fondé en 1973 le GIGN, l’unité d’élite de la gendarmerie.

Mais M. Prouteau comparaît pour trafic d’influence car il est soupçonné d’avoir monnayé cette intervention 2 500 euros, ce qu’un SMS adressé à M. Rocancourt à l’époque et retrouvé au cours de l’enquête accréditerait.

Sur ce point, il s’en est tenu à sa version d’après laquelle cet argent concernait l’achat, via un bon plan du célèbre escroc, d’une montre pour un ami chef d’entreprise à Lyon.

Cette version, confirmée lors de l’enquête par ce témoin, « c’est la vérité », a souligné mercredi M. Prouteau.

Mais l’histoire est « partie en dérive », Rocancourt n’a pas fourni la montre, et M. Prouteau dit avoir remboursé d’office son ami qui avait donné un acompte. « Vous avez été remboursé par Rocancourt ? » lui demande le président. L’ex-gendarme rit : « Non ».

Kofi Yamgnane : pourquoi 3 000 € ?

Concernant toujours le dossier de ces deux Marocaines, cette fois, c’est l’avocat de Christian Rocancourt, qui est intervenu auprès de Kofi Yamgnane, 76 ans aujourd’hui, ancien secrétaire d’État à l’Intégration entre 1991 et 1993 dans des gouvernements socialistes, et ex-maire de Saint-Coulitz dans le Finistère. L’avocat aurait incité l’une des deux Marocaines à remettre 3 000 €, en début d’année 2014, à Kofi Yamgnane afin qu’il intervienne en leur faveur auprès du ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve. Ce que nie fermement l’ancien secrétaire d’État : « 

Effectivement, il m’a fait parvenir la copie d’un recours pour que j’aille voir le ministre. Mais je ne l’ai jamais vu. En fait, je ne lui ai jamais dit clairement que je ne voulais pas voir le ministre pour cette affaire. Et il a continué à m’importuner », a déclaré l’ancien élu franco-togolais durant l’instruction.

Pourquoi alors avoir accepté la somme de 3 000 € des mains d’une des deux jeunes femmes marocaines ? Pour le financement de sa campagne électorale au Togo, assura Kofi Yamgnane aux juges. Mais les magistrats instructeurs en doutent fortement. Lors de son audition, la jeune femme marocaine avait indiqué qu’elle avait remis cette somme de 

3 000 € à la demande de l’avocat qui lui avait expliqué que l’ex-secrétaire d’État allait l’aider.

Pour trafic d’influence, Kofi Yamgnane encourt jusqu’à cinq ans de prison et 500 000 € d’amende.

L’ex-directeur de la PJ est-il resté muet ?

C’est cette première affaire, impliquant aussi la compagne de Christophe Rocancourt et un notaire, qui a entraîné l’apparition d’une deuxième affaire, mettant en cause celui qui était alors à la tête du prestigieux 36, quai des Orfèvres : Bernard Petit : Cet ex-patron régional de la Police judiciaire est soupçonné, comme son chef de cabinet de l’époque, d’avoir violé le secret de l’instruction en renseignant Christian Prouteau, via un intermédiaire, sur la procédure qui le visait, avant même sa garde à vue en octobre 2014.

Lors de l’instruction, Bernard Petit a toujours nié avoir fourni la moindre information sur Christian Prouteau à cet intermédiaire, un fonctionnaire de police qu’il connaissait de longue date. Seulement, cet intermédiaire a, lui, soutenu que le patron de la PJ lui avait indiqué, le 6 octobre 2014, que Christian Prouteau allait être entendu sous le régime de la garde à vue. En indiquant quelques éléments du dossier.

Un « menteur » et « un manipulateur », selon Bernard Petit, qui estime que son accusateur aurait agi “par rancœur”, reprochant à l’ex-patron de la PJ de ne pas l’avoir suffisamment aidé alors qu’il était en difficulté. Bernard Petit encourt jusqu’à trois ans d’emprisonnement.

À la suite de sa mise en examen, Bernard Petit, à l’image d’un grand policier plein de droiture, avait été limogé par le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, le 6 février 2015.

SOURCE : OUEST France Crédit photo Bertrand GUAY-AFP

Rédigé par pandore

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