Cet après-midi, lundi 25 août, un saisonnier de 32 ans comparaît devant le tribunal correctionnel de Thonon-les-Bains après avoir tagué des slogans « Free Palestine » sur huit véhicules de touristes, dont plusieurs appartenaient à des membres de la communauté juive Loubavitch.
Les faits
Huit voitures stationnées dans la commune ont été recouvertes de graffitis. Quatre véhicules appartenaient à des familles juives venues du Royaume-Uni pour passer leurs vacances, les quatre autres présentant des similitudes avec des modèles couramment utilisés par cette communauté. Ces dégradations ont immédiatement suscité l’indignation, tant localement qu’auprès des institutions représentatives de la communauté juive en France. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Auvergne-Rhône-Alpes a dénoncé des actes « ignobles », rappelant que plusieurs stations alpines accueillent depuis longtemps des vacanciers juifs orthodoxes chaque été.
L’enquête
L’affaire a rapidement mobilisé d’importants moyens : la brigade de recherches de Thonon-les-Bains, appuyée par l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine. Grâce à des relevés et témoignages, les enquêteurs ont identifié un suspect dont le véhicule avait été repéré à proximité des lieux. Interpellé, l’homme a d’abord nié, avant de reconnaître les faits en garde à vue.
Le parquet a ouvert une enquête pour « dégradation ou détérioration du bien d’autrui commise en raison de la prétendue race, ethnie, nation ou religion de la victime », qualification qui souligne la dimension discriminatoire de l’acte.
Les motivations du suspect
Lors de ses auditions, le trentenaire a expliqué avoir voulu « faire passer un message sur la Palestine ». Selon ses propres mots, il pensait s’adresser à des « juifs israéliens ». Il a toutefois reconnu s’être trompé sur l’identité des victimes et dit « regretter » son geste. Déjà connu de la justice pour des faits mineurs – un vol en 2018 et plusieurs infractions routières entre 2022 et 2023 –, il n’avait jusqu’ici jamais été impliqué dans des affaires à caractère idéologique.
La procédure judiciaire
Déféré hier dimanche au tribunal judiciaire de Thonon-les-Bains, il a été présenté en comparution immédiate. Le juge des libertés et de la détention a décidé de son placement sous contrôle judiciaire jusqu’à son audience, prévue cet après-midi à 14h. Il encourt une peine pour dégradations commises en raison de l’appartenance réelle ou supposée des victimes à une nation ou à une religion.
Un contexte sensible
Au-delà du cas individuel, l’affaire illustre la montée des tensions liées au conflit israélo-palestinien et leur répercussion sur le sol français. L’acte, qui se voulait un message politique, prend une tournure antisémite en visant spécifiquement des personnes identifiées comme juives, indépendamment de leur nationalité réelle. Pour le Crif, c’est une tentative d’intimidation inacceptable, surtout dans des lieux de villégiature où les familles juives pensaient trouver quiétude et sécurité.