Le meurtre du gendarme Nicolas Molinari, abattu d’une balle dans la tête en mai 2024 en Nouvelle-Calédonie, continue de secouer l’archipel. Mercredi, le parquet de Nouméa a annoncé le placement en détention provisoire de trois nouvelles personnes dans le cadre de cette enquête particulièrement sensible. Au total, neuf individus sont désormais poursuivis pour leur implication présumée dans ce drame, survenu en plein cœur des émeutes meurtrières qui avaient embrasé le territoire.
Un dossier criminel lourd et complexe
Parmi les personnes mises en examen, les charges sont accablantes : l’une est poursuivie pour « meurtre et tentative de meurtre », trois autres pour « complicité de meurtre et de tentative de meurtre », et cinq pour « association de malfaiteurs en vue de commettre un crime ». Outre les trois nouvelles détentions, une personne a été assignée à résidence avec bracelet électronique, tandis que cinq autres restent placées sous contrôle judiciaire.
Le tir mortel sous la loupe des experts
Âgé de seulement 22 ans, Nicolas Molinari avait été visé alors qu’il se trouvait au volant d’un bus de gendarmerie, stationné à proximité de la tribu indépendantiste de Saint-Louis. Les analyses balistiques ont révélé que le tireur avait utilisé une arme longue munie d’une lunette de visée, opérant à une distance comprise entre 200 et 230 mètres. Ce degré de préparation laisse penser à une attaque préméditée, orchestrée dans un climat de tension extrême.
Dix suspects, deux tireurs identifiés
L’enquête, menée avec une minutie exceptionnelle, a permis d’identifier dix suspects, tous issus de la tribu de Saint-Louis. Deux tireurs présumés ont été clairement désignés : l’un figure parmi les détenus, l’autre a trouvé la mort lors d’un affrontement avec les gendarmes le 19 septembre 2024. Toutefois, l’auteur exact du tir fatal n’a pas encore été formellement identifié, et les investigations se poursuivent.
Une reconstitution, organisée dans la nuit du 18 au 19 août, a mobilisé 450 gendarmes et nécessité la fermeture complète de la route traversant Saint-Louis, preuve de la sensibilité sécuritaire qui entoure ce dossier.
Les cicatrices des émeutes de 2024
Ce drame s’inscrit dans un contexte explosif : les violentes émeutes de mai 2024 avaient éclaté après l’annonce d’une réforme élargissant le corps électoral aux élections provinciales, mesure farouchement rejetée par le camp indépendantiste. Ces affrontements avaient coûté la vie à 14 personnes, dont deux gendarmes. Outre Nicolas Molinari, le major Xavier Salou avait perdu la vie dans un tir accidentel au sein d’une caserne.
Une affaire emblématique
Le meurtre de Nicolas Molinari est devenu un symbole de la fracture profonde qui divise la Nouvelle-Calédonie. Plus qu’une simple enquête criminelle, il illustre les tensions politiques, sociales et identitaires qui continuent d’agiter l’archipel. La justice, elle, avance pas à pas, dans l’espoir de rendre des comptes à la famille du jeune gendarme et d’apporter un semblant d’apaisement dans un climat encore marqué par la violence.