Quatre mois après la découverte du corps d’Agathe Hilairet, joggeuse de 28 ans disparue le 10 avril, un suspect de 59 ans a été interpellé et présenté à un juge ce vendredi 12 septembre pour « meurtre précédé d’enlèvement et de séquestration ». Son profil glaçant et son lourd passif judiciaire interrogent : comment un tel homme, déjà condamné pour des faits similaires, a-t-il pu se retrouver libre au moment des faits ?
Agathe Hilairet, passionnée de trail, était partie courir au départ du domicile de ses parents à Vivonne, comme à son habitude. Ce 10 avril au matin, elle ne donne plus signe de vie. D’importants moyens sont mobilisés : battues, chiens pisteurs, analyses de sa montre connectée. Mais il faudra attendre le 4 mai pour qu’un promeneur découvre son corps dans un sous-bois, à une vingtaine de kilomètres au sud de Poitiers. Rapidement, les enquêteurs privilégient la piste criminelle. La montre d’Agathe révèle une brusque accélération cardiaque suivie d’un arrêt net. Surtout, les données GPS démontrent que son corps a été déplacé après sa mort.
L’étau se resserre sur un homme au passé judiciaire accablant
Mercredi dernier, les gendarmes de la section de recherches de Poitiers interpellent trois hommes. Deux sont entendus librement, mais l’attention se concentre sur l’un d’eux : un habitant de Vivonne, surnommé « Rambo » dans son village. L’ADN d’Agathe est retrouvé dans son véhicule, un élément décisif qui relance l’enquête. Confronté aux preuves, le suspect finit par reconnaître un contact avec la joggeuse et sa présence sur les lieux.
Cet homme n’est pas un inconnu pour la justice. Déjà fiché au Fijais (Fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes), il avait été condamné à deux reprises pour des viols. En 1994, il écope de 12 ans de prison. Dix ans plus tard, en 2003, après une récidive pendant une permission de sortie, il est condamné à 30 ans de réclusion, assortis d’une peine de sûreté des deux tiers. Ses victimes ? Deux femmes, dont une joggeuse. L’avocat général de l’époque le décrivait comme « dangereux, violent, incapable de résister à ses envies ». Un magistrat avait même averti qu’il « recommencerait ».
Après 21 ans derrière les barreaux, il bénéficie d’une libération en avril 2024. À peine un an plus tard, Agathe est tuée dans des circonstances rappelant tragiquement son mode opératoire passé.
Un parcours judiciaire qui interroge
La révélation de son identité et de son passé criminel suscite une onde de choc. Comment un tel profil a-t-il pu bénéficier d’une remise en liberté ? Selon les sources judiciaires, cette libération découlait d’une décision d’application des peines, assortie d’un suivi. Mais la mise en examen de cet homme, moins de 18 mois après sa sortie de prison, pose à nouveau la question de la gestion des récidivistes sexuels en France.
Les experts qui l’avaient évalué n’avaient pas caché leurs inquiétudes. Déjà en 2003, l’avocat général alertait sur son incapacité à maîtriser ses pulsions. Aujourd’hui, la prédiction se réalise dans les pires conditions.
Les charges qui pèsent contre lui
Présenté à un juge d’instruction, il est poursuivi pour « meurtre », « enlèvement » et « séquestration ». Le parquet de Poitiers précise que les analyses ADN constituent un élément matériel solide, confirmant la présence de la victime dans son véhicule. De plus, les données de géolocalisation et les indices relevés sur le terrain confortent la piste d’un déplacement du corps après la mort, ce qui renforce la qualification criminelle.
S’il nie le meurtre, le suspect reconnaît désormais avoir été en contact avec Agathe. Un aveu partiel qui ne fait que renforcer les soupçons, au regard de son passif judiciaire.