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Bruno Retailleau en Martinique et en Guadeloupe : le ministre annonce un plan sécuritaire ambitieux, 

En déplacement officiel de deux jours en Martinique puis en Guadeloupe, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a présenté une série de mesures destinées à renforcer la lutte contre le narcotrafic et la violence armée. Ces annonces, perçues comme des avancées importantes, ont néanmoins suscité des critiques de la part de plusieurs élus locaux, qui estiment qu’elles ne répondent pas pleinement à l’ampleur de la crise sécuritaire que traversent les Antilles.

Un plan sécuritaire renforcé en Martinique

En Martinique, le ministre a mis en avant plusieurs initiatives destinées à consolider les moyens de lutte contre la criminalité organisée. Il a confirmé la pérennisation d’un second escadron de gendarmerie mobile, la création d’une brigade nautique à Saint-Pierre dotée d’une cellule judiciaire, ainsi que le renforcement de l’Office anti-stupéfiants (OFAST) avec 26 enquêteurs supplémentaires, dont 9 affectés directement à l’île. De plus, deux unités spécialisées dans la lutte contre les armes seront créées, respectivement au sein de la gendarmerie et de la police nationale.

Sur le plan technologique, le dispositif de surveillance a été considérablement modernisé. Deux radars côtiers sont désormais opérationnels, un drone longue portée sera déployé dès septembre 2025, et l’aéroport du Lamentin bénéficiera de deux scanners corporels d’ici 2026. Un scanner mobile est déjà en fonction au port, et une mission d’évaluation de la sécurité portuaire est prévue dans les prochains mois.

Une stratégie interministérielle et régionale

Pour justifier sa démarche, Bruno Retailleau a défendu une approche « globale et interministérielle », associant Intérieur, Justice, Armées et Douanes. Il a également proposé la tenue d’une conférence régionale de sécuritédès 2026, réunissant une dizaine de pays caribéens afin de renforcer la coopération face aux trafics transnationaux. L’objectif : bâtir un « consensus de sécurité » à l’échelle régionale.

Des annonces renforcées en Guadeloupe

Après la Martinique, le ministre s’est rendu en Guadeloupe, où il a détaillé un dispositif similaire mais encore plus étoffé. Treize enquêteurs supplémentaires viendront renforcer l’OFAST, et un laboratoire d’analyse balistique sera inauguré afin de réduire drastiquement les délais d’investigation, jusque-là dépendants d’analyses en métropole. Deux nouveaux escadrons de gendarmerie mobile seront installés, sans retirer le peloton de la garde républicaine.

La Guadeloupe bénéficiera aussi de deux brigades nautiques (à Gourbeyre et à Pointe-à-Pitre), de radars maritimes surveillant les canaux voisins, ainsi que d’un drone pour contrôler ses 700 km de côtes. Un scanner mobile pour conteneurs et un dispositif de contrôle intégral à l’aéroport complètent ce renforcement. Les Douanes recevront en outre le système LAPI de lecture automatisée des plaques d’immatriculation.

Un contexte de violences alarmant

Ces mesures interviennent dans un climat particulièrement tendu. En 2024, la Guadeloupe et la Martinique ont enregistré respectivement 33 et 29 homicides, plaçant ces territoires parmi les plus violents de France derrière la Guyane. En Guadeloupe, l’année 2025 est déjà marquée par une vague d’homicides : 27 meurtres par armes à feu avaient été recensés fin août. Le ministre a martelé que « la République n’entend rien lâcher sur l’ordre public ».

Un projet structurant : les “Hubs Antilles”

Enfin, Retailleau a souligné l’importance du projet « Hub Antilles », visant à transformer les ports de Fort-de-France et de Pointe-à-Pitre en centres logistiques régionaux. Cette mutation suscite toutefois des inquiétudes, car la densification des flux maritimes pourrait accroître les opportunités pour les narcotrafiquants. Une mission d’audit a donc été lancée afin d’adapter les dispositifs de contrôle aux nouveaux enjeux.

Un équilibre difficile entre sécurité et prévention

Si les annonces du ministre marquent une montée en puissance indéniable des moyens policiers, militaires et technologiques, elles laissent en suspens la question de la prévention et du traitement social de la violence. Les élus locaux rappellent qu’un plan sécuritaire, aussi ambitieux soit-il, ne suffira pas sans un effort parallèle en matière d’éducation, d’emploi et de cohésion sociale. La visite de Bruno Retailleau illustre ainsi les tensions entre une réponse immédiate à l’urgence sécuritaire et la nécessité d’une approche de long terme.

Rédigé par pandore

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