La droite sénatoriale dévoile un rapport de 107 pages, que le Figaro s’est procuré. Un rapport aux préconisations particulièrement offensives contre ce qu’elle décrit comme un « projet séparatiste de long terme » porté par l’islamisme. Sous la houlette de la sénatrice LR Jacqueline Eustache-Brinio, 29 élus ont formulé dix-sept recommandations qui promettent de nourrir un vif débat politique, y compris au sein de leur propre camp.
Au cœur du document, plusieurs mesures très sensibles : l’interdiction du voile pour les mineures de moins de 16 ans dans l’espace public, l’interdiction du jeûne pour les moins de 16 ans, ou encore l’interdiction du voile pour les accompagnatrices scolaires afin de garantir une stricte neutralité de l’environnement éducatif. Les sénateurs plaident également pour un renforcement de la lutte contre les mariages forcés, via l’audition systématisée des époux avant toute transcription par les autorités consulaires.
Les visas
Le rapport entre aussi dans le champ institutionnel et sécuritaire en proposant de rattacher la délivrance des visas au ministère de l’Intérieur, afin d’unifier l’ensemble du dispositif migratoire et de renforcer les contrôles sur les entrées en France. Les élus recommandent par ailleurs d’intensifier la traçabilité des financements des mosquées et associations cultuelles, jugée indispensable pour prévenir toute utilisation politique d’infrastructures religieuses.
Dans le sport comme dans la vie publique, les sénateurs réclament l’extension du principe de neutralité : adoption rapide de la proposition de loi sur la laïcité dans le sport, incitation aux fédérations à bannir tout signe religieux sur les terrains, et, plus largement, interdiction des signes ostentatoires pour les élus locaux dans l’exercice de leur mandat.
Le rapport s’appuie sur de nombreuses auditions – responsables du renseignement, spécialistes des mouvements islamistes, universitaires, représentants cultuels – qui décrivent des stratégies d’entrisme, de double discours et de pression sociale, notamment via le voilement des fillettes ou la création de structures éducatives parallèles. Les sénateurs estiment que certains territoires connaissent déjà une forme de « ghettoïsation ».
Ils saluent par ailleurs « les effets positifs » de la circulaire Attal de 2023 contre les signes religieux à l’école, tout en appelant à combler certaines « failles », comme l’influence jugée croissante de normes alimentaires religieuses dans les services de restauration étudiante.
Au-delà des mesures restrictives, le document préconise un « contre-discours républicain » : réaffirmation de la mixité dans tous les espaces éducatifs et sportifs, soutien renforcé aux femmes des quartiers exposées aux pressions communautaires, moyens dédiés à leur autonomie et protection accrue pour celles qui dénoncent ces pratiques.
L’ensemble de ces recommandations vise, selon leurs auteurs, à un « réarmement républicain global – intellectuel, juridique, administratif et politique ». Reste désormais à savoir quelles propositions trouveront une traduction législative, alors que Les Républicains comptent faire de ce dossier un marqueur identitaire et un levier d’influence au Sénat.
