Une affaire majeure de corruption impliquant des membres des forces de l’ordre a été mise au jour dans le Val-d’Oise, sur les communes de Domont et de Pontoise. Deux gendarmes adjoints volontaires en activité et deux anciens gendarmes récemment recrutés comme policiers municipaux sont poursuivis pour leur implication présumée dans un système organisé de détournement de fichiers et de services publics au profit de la criminalité organisée.
Au départ, un simple contrôle
L’enquête trouve son origine dans un contrôle routier mené en juillet 2025 par la brigade motorisée de la gendarmerie d’Orléans. Des anomalies constatées lors de l’immobilisation d’un véhicule ont conduit le parquet de Pontoise à ouvrir, le 1er août 2025, une enquête préliminaire pour corruption active et passive en bande organisée, violation du secret professionnel et détournement de données à caractère personnel.
Les investigations ont été confiées à un groupe d’enquête conjoint piloté par l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), appuyé par plusieurs unités spécialisées, dont l’Unité nationale cyber. Les enquêteurs ont mis au jour un usage massif et frauduleux des fichiers judiciaires et administratifs par les mis en cause. Près de 6 500 opérations illicites ont été recensées, parmi lesquelles environ 4 600 consultations du système d’immatriculation des véhicules, 800 levées d’immobilisation et plus de 1 000 accès à d’autres fichiers sensibles (antécédents judiciaires, personnes recherchées, permis de conduire).
Ces manipulations intervenaient contre rémunération, à la demande d’individus impliqués dans des activités criminelles, principalement implantés dans le Sud-Ouest. Les véhicules concernés étaient souvent enregistrés au nom de garages fictifs. Les flux financiers identifiés s’élèvent à au moins 160 000 euros, révélant l’ampleur du système.
Le 10 décembre 2025, huit personnes ont été interpellées à l’issue d’une opération judiciaire d’envergure mobilisant 120 enquêteurs, des unités d’intervention, deux hélicoptères et des équipes cynophiles. Les perquisitions ont permis la saisie de 30 000 euros en espèces, de plusieurs véhicules de luxe, de matériel informatique, ainsi que la découverte d’armes à feu, dont certaines volées, pour une valeur globale estimée à 90 000 euros. Les mis en cause ont reconnu l’essentiel des faits.
Six prévenus ont été déférés le 12 décembre 2025. L’un a été condamné en comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité à six mois de prison avec sursis. Les autres seront jugés en comparution immédiate le 30 janvier 2026, trois d’entre eux ayant été placés en détention provisoire.
Le procureur de la République a rappelé que la lutte contre la corruption interne constitue une priorité absolue, compte tenu de la menace qu’elle fait peser sur l’intégrité des institutions publiques. Les personnes mises en cause demeurent présumées innocentes jusqu’à leur jugement définitif.
