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Cybersécurité : la Gendarmerie face au nouveau front invisible

Attaques en série, tentatives de sabotage numérique, infiltrations silencieuses… En 2025, la cybersécurité devient une mission prioritaire pour la Gendarmerie nationale. Entre progrès structurels et défis opérationnels, elle a déjà prouvé son efficacité… et le chemin qui reste à parcourir.

Plongée dans un nouveau territoire

La menace cyber gagne en sophistication. Rançongiciels paralysant des PME, espionnage administratif, campagnes de désinformation… la menace est réelle et omniprésente. Face à cela, la Gendarmerie a démarré un tournant.

Des moyens renforcés

Les moyens de lutte contre la cybercriminalité ont été profondément renforcés ces dernières années au sein de la Gendarmerie nationale. Dans chaque région, des brigades cyber spécialisées ont été déployées. Elles mènent des enquêtes de proximité, sensibilisent les acteurs économiques et institutionnels locaux aux risques numériques, et interviennent dès les premiers signaux faibles pour endiguer les menaces avant qu’elles ne s’amplifient. Ces brigades constituent le maillage de terrain essentiel à une réponse rapide et territorialisée.

Au niveau national, l’Unité nationale cyber (UNCyber) et le Centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N) assurent la coordination opérationnelle des dossiers les plus sensibles. Ces entités mutualisent les compétences techniques les plus pointues, permettent le traitement transversal des affaires complexes, et garantissent une veille permanente sur l’évolution des menaces.

La Gendarmerie investit massivement dans la formation

Par ailleurs, la Gendarmerie investit massivement dans la formation. Tout nouvel engagé reçoit une initiation aux risques cyber, quelle que soit sa spécialité initiale. En parallèle, des parcours spécifiques permettent de former de véritables cyber gendarmes experts, capables de coder, d’analyser des malwares ou de conduire des audits numériques en conditions réelles.

Les résultats de cette stratégie sont déjà visibles sur le terrain

Les résultats de cette stratégie sont déjà visibles sur le terrain. Un premier exemple marquant est l’arrestation d’un hacker biélorusse par les gendarmes spécialisés de Rennes, au terme de quatre années d’enquête. Ce cybercriminel était impliqué dans plus de deux mille trois cents attaques ciblées dans le monde, ayant extorqué près de sept cent cinquante mille dollars à ses victimes. Ce coup de filet démontre à la fois la montée en puissance des capacités de la Gendarmerie et sa capacité à coopérer à l’échelle internationale.

L’opération EncroChat. Un succès avec plusieurs polices européennes

Autre réussite emblématique : l’opération EncroChat. En partenariat avec plusieurs polices européennes, la Gendarmerie française a réussi à infiltrer un réseau chiffré utilisé par des organisations criminelles de grande envergure. Grâce à cette percée, plusieurs centaines d’enquêtes ont été ouvertes, et les autorités ont pu procéder à des saisies exceptionnelles de drogues, d’armes et de liquidités, démantelant des réseaux entiers.

Enfin, en 2024, un ex responsable de la sécurité des systèmes d’information (RSSI) a été interpellé par les unités cyber de la Gendarmerie après une attaque informatique de grande ampleur contre un groupe hospitalier du Grand Ouest. Cette affaire, emblématique des risques pesant sur nos infrastructures de santé, a mis en lumière la réactivité et la précision des enquêteurs spécialisés.

Le C3N, véritable pivot national, regroupe plus de deux mille personnels

Ces résultats sont rendus possibles grâce à une organisation structurée et performante. Le C3N, véritable pivot national, regroupe plus de deux mille personnels, dont deux cent soixante experts pointus répartis sur l’ensemble du territoire. Il orchestre les grandes enquêtes, assure la montée en compétence des unités locales, et maintient une capacité d’analyse en temps réel.

L’Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie nationale (IRC-GN) joue également un rôle central. Il met à disposition des équipes de terrain des outils d’investigation de pointe, allant du laboratoire mobile aux capacités d’expertise numérique poussée. Cet institut accompagne les gendarmes sur les scènes de cybercriminalité comme il le ferait pour une scène de crime physique, apportant un soutien technique et scientifique décisif.

Le défi reste permanent

Les réussites sont réelles, mais les cybercriminels évoluent sans cesse. Les ressources humaines sont encore limitées, et la formation doit continuer de monter en puissance. Maintenir la confiance des entreprises et des citoyens suppose d’aller toujours plus loin.

La Gendarmerie est entrée de plain-pied dans un nouvel espace de combat : le numérique. Les enquêtes majeures menées jusqu’ici montrent sa capacité réelle à faire face. Mais la bataille est loin d’être gagnée. Pour durer, il faudra consolider les moyens, élargir les équipes, et nourrir une expertise toujours plus pointue.

Article : Jérémy ARMANTE

Rédigé par pandore

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