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Entretien exclusif : le général d’armée Christian Rodriguez invité du journal le Pandore et la Gendarmerie

Terrorisme, défense opérationnelle du territoire, défis cyber, sécurité du quotidien, mais aussi crise des vocations et recrutements, moral des troupes, le directeur général de la gendarmerie le général d’armée Christian Rodriguez n’élude aucune question du « Pandore et la Gendarmerie ». Le DGGN nous répond en exclusivité sur les grands défis du moment :

Le Pandore : Mon général, c’est la dernière ligne droite avant les JOP 2024, c’est celle aussi de tous les dangers pour la sécurité, pour la gendarmerie ?

Général Christian Rodriguez : Je dirais plutôt que c’est l’année de tous les défis. C’est un vrai challenge au plan de la sécurité. On s’y prépare avec la plus grande rigueur, on tire les enseignements d’autres grands événements, bref on se met en ordre de bataille. La Gendarmerie sera prête ! Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris, c’est une grande fête sportive et populaire qui participe au rayonnement international de la France. Nous allons donc tout faire pour qu’ils se déroulent dans les meilleures conditions. Concrètement, pour nous, il y a trois défis. D’abord, il nous reviendra d’appuyer la manœuvre générale de sécurité, qui se déroulera principalement en Île-de-France, grâce au décloisonnement des zones de compétence souhaité par le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer. Nous allons mettre en place un contingent dédié, qu’il faudra bien entendu soutenir et héberger durant toute la durée des Jeux. C’est là une vraie manœuvre militaire, c’est dans notre ADN. Ensuite, nous allons sécuriser les épreuves qui auront lieu en zone Gendarmerie, en métropole comme outre-mer. Enfin, il faudra en parallèle assurer la sécurité des zones touristiques, au moment où un grand nombre de moyens seront concentrés en Île-de-France. Donc, oui, tout cela représente un défi hors normes, mais notre mobilisation sera maximale. Les gendarmes répondront présent avec la solidité, l’efficacité et le professionnalisme que nos concitoyens leur reconnaissent !

Le Pandore: Al-Qaïda profère des menaces à l’encontre de la France et de la Suède. Le Hamas, quant à lui, est revenu au terrorisme le plus abominable contre Israël. Craignez-vous des projets d’attentats fomentés à l’étranger et comment vous y préparez-vous?

Général Christian Rodriguez : Il est clair que nous sommes loin d’en avoir fini avec la menace djihadiste. Celle-ci reste à un niveau très élevé, à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières. Et les attentats commis à Arras et à Bruxelles ont encore rappelé aux Français l’actualité tragique de la menace, sans parler de l’attaque terroriste planifiée et coordonnée par le Hamas sur le sol israélien, d’une ampleur et d’une cruauté absolument inédites. Quels premiers enseignements pouvons-nous tirer de cette succession d’événements ? D’abord, la composante endogène de la menace demeure toujours aussi prégnante. Ce djihadisme low cost d’atmosphère comme dirait Gilles Kepel, plus diffus et sans donneurs d’ordres – est le plus difficile à détecter et à prévenir. Grâce à la densité de notre maillage territorial et à notre présence au plus près des populations, nous jouons là un rôle essentiel de capteurs sur le terrain. Nous voyons et faisons remonter beaucoup de choses. D’une manière générale, le réseau des services publics constitue un réel obstacle aux menées islamistes (à son apogée, Daesh en avait d’ailleurs bien conscience). C’est l’un de nos principaux atouts, que l’on s’efforce de consolider pour ce qui nous concerne avec la création de nos nouvelles brigades. Quant à la composante exogène, plus organisée et plus dévastatrice, elle semble redevenir une menace réelle. Al Qaïda, qui s’est maintenue grâce à ses franchises régionales, a de nouveau ciblé la France. Daesh tente aussi de se réorganiser. Même affaiblis, ces groupes pourraient s’en prendre à nos intérêts et à nos ressortissants à l’étranger. Il faut bien comprendre que le djihadisme est résilient, caméléon et opportuniste. Il instrumentalise le contexte et s’en sert comme d’un carburant à des fins de propagande, d’endoctrinement et de recrutement. Notre posture opérationnelle est donc celle de l’extrême vigilance et de la mobilisation, comme l’a demandé le ministre de l’Intérieur, notamment pour mailler le territoire, repérer les individus radicalisés et protéger les sites sensibles. On ne baisse pas la garde. Et il est important que la société se mobilise elle aussi. Chacun doit être vigilant, faire preuve de sens civique, s’approprier l’esprit de défense. Il y a aussi l’engagement dans les réserves. Personne n’est de trop, bien au contraire, car c’est là un combat collectif : le combat de la Nation.

La guerre en Ukraine a changé la donne politique et stratégique en Europe et dans le monde entier. La gendarmerie est-elle prête, avec les autres armées, à la défense opérationnelle du territoire (DOT) ?

L’attaque russe en Ukraine est un point de bascule dans la géopolitique mondiale. La haute intensité a fait son retour aux portes de l’Union européenne, avec l’implication d’une grande puissance mue par une ambition de conquête territoriale. On est très loin de la « fin de l’Histoire » et des « dividendes de la paix » dont certains ont pu rêver il y a trente ans, au sortir de la Guerre froide… Dès lors, l’hypothèse d’un conflit armé, voire d’une violation du sanctuaire national, ne peut plus être balayée d’un revers de la main. Les Armées travaillent  sur différents scénarios auxquels nous participons. Avec l’état-major des Armées, nous menons une réflexion commune pour rénover la DOT afin de mieux protéger le territoire, les frontières et les points sensibles. Nous jouons là un rôle majeur, puisque nous sommes la seule force militaire couvrant tout le territoire national, avec un effectif équivalent à celui de l’armée de Terre. Nous envisageons ainsi d’élargir notre sphère d’engagement opérationnel, grâce à nos capacités de planification, d’interopérabilité, de projection et d’intervention que nous n’avons cessé de renforcer depuis trois ans. Je songe à notre Centre national des opérations pensé sur le modèle du CPCO des Armées, au GIGN 3.0, aux PSIG densifiés et aux escadrons durcis, dont les deux escadrons Guépard basés à Satory. Je pense aussi au ComCyber, à nos nouveaux blindés Centaure conçus pour faire face à toute situation, à notre maîtrise bientôt renforcée de la 3e dimension avec les futurs hélicoptères H160, etc. Donc, oui, si la situation le commandait, nous serions capables, aux côtés et en appui des Armées, de participer pleinement à la défense opérationnelle du territoire national, aussi bien dans l’Hexagone qu’en outre-mer.

Gérald DARMANIN, ministre de l’Intérieur et des outre mer (MIOM, le général d’armée Christian RODRIGUEZ, directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN) remettent des médailles aux héros de la gendarmerie nationale.

Il y a une crise de recrutement dans l’Institution, beaucoup de départs, beaucoup de démissions. Le métier est-il devenu trop dur ?

Je ne partage pas ce constat pessimiste. Le modèle de la Gendarmerie est reconnu et apprécié par la population. Les valeurs et les savoir-être que nous portons continuent d’attirer les jeunes dans nos rangs. Une récente étude montre que près de 80 % d’entre eux ont une bonne image de la Gendarmerie et qu’ils sont nombreux à envisager d’y faire carrière1. A cet égard, si l’on considère le temps long, on se rend compte que jamais la Gendarmerie n’a autant recruté qu’aujourd’hui. Certes, il y a eu un peu plus de départs non prévus que lors des années précédentes, mais rien de réellement inquiétant. On doit toutefois être vigilant, le recrutement est un défi permanent. En fait, deux phénomènes se croisent et se compensent l’un l’autre. D’une part, il y a toute une génération qui part à la retraite entre 2022 et 2025, et d’autre part nous bénéficions d’une forte hausse de nos effectifs, décidée par le président de la République et par le ministre de l’Intérieur. Entre 2022 et 2027, nous aurons ainsi obtenu 3 500 gendarmes supplémentaires dans le cadre de la LOPMI. C’est ce qui va notamment nous permettre de créer et d’armer nos 239 nouvelles brigades et nos sept nouveaux escadrons. Par ailleurs, le Commandement des Écoles a d’ores et déjà augmenté ses capacités d’accueil dans nos écoles de sous-officiers et de gendarmes-adjoints volontaires, en créant quatre compagnies d’instruction. Nous avons anticipé la manœuvre actuelle, qu’il s’agisse de recrutement ou de formation. Je suis confiant pour l’avenir !

Quels sont les besoins prioritaires et les profils que vous recherchez ?

Aujourd’hui, nous cherchons à recruter des candidats avec une formation scientifique et des compétences dans le cyber et le numérique. Nous mettons évidemment l’accent sur le recrutement d’experts du haut du spectre. C’est indispensable pour faire face aux nouvelles menaces. Nous avons créé une nouvelle voie de recrutement pour les officiers, qui s’adresse aux titulaires d’un Master scientifique ou d’un titre d’ingénieur. Nous avons également introduit une épreuve spécifique dans les concours de sous-officiers dans le but de repérer les candidats qui présentent un profil tourné vers les sujets cyber et numériques. En formation initiale, on les réunit alors dans nos e-compagnies afin qu’ils puissent approfondir ensemble ces domaines. Les uns et les autres mèneront une carrière classique, mais on attend aussi d’eux qu’ils contribuent à la diffusion, et même à l’infusion, de cette culture-là au sein de toute l’Institution. Par ailleurs, nous avons besoin de spécialistes dans le domaine du soutien technique et logistique. Nous réfléchissons aux meilleures manières d’attirer et de fidéliser chez nous ces talents qui sont rares et qui, pour cette raison même, sont précieux et font l’objet d’une vive concurrence entre les acteurs publics et privés. D’une manière générale, les jeunes qui souhaitent nous rejoindre trouveront toujours parmi nous de quoi satisfaire leurs aspirations personnelles et professionnelles, leur quête de sens et d’engagement pour la France et les Français.

Image d’illustration.

La violence est partout, elle ne cesse de progresser : il y a un refus d’obtempérer toutes les 20 minutes, un gendarme est agressé toutes les deux heures… Que pensez-vous de cette drôle d’époque ? Comment gérez-vous la situation et que faut-il améliorer ?

Nous sommes en effet confrontés à un cumul de crises qui génère beaucoup d’angoisse et d’insécurité parmi nos concitoyens. Et qui nourrit aussi des tensions croissantes et une forme de désinhibition dans la violence verbale et physique. À la sortie de la crise sanitaire, j’avais déjà évoqué le risque d’une « France qui dégoupille ». On n’en est pas encore sorti. Les agressions physiques augmentent, notamment celles qui prennent pour cible les symboles et les représentants de l’autorité publique. Maintenir voire rétablir l’ordre public devient de plus en plus rude : on l’a encore constaté avec les émeutes de cet été, avec un niveau d’intensité sans précédent. Pour une partie de la population, le respect des lois de la République et de l’autorité légitime de l’État n’est plus une évidence. Il y a un recul de l’adhésion à la collectivité, voire parfois un refus d’en respecter les normes élémentaires de civilité. Sur le terrain, on observe une radicalisation de certains comportements, des montées en tension plus rapides et plus systématiques que par le passé. Et nous, gendarmes, nous sommes en première ligne… Depuis 2017, on a perdu 58 des nôtres en service… C’est autant de tragédies, autant de familles endeuillées. Un camarade est blessé toutes les quatre heures. Oui, notre métier est de plus en plus dangereux. On sait que le risque est inhérent à la mission et on a signé en sachant que l’esprit de sacrifice faisait partie de notre condition de militaires. Mais on doit bien constater que le contexte s’est durci et qu’il faut s’adapter à cette nouvelle donne. Ces dernières années, on a donc densifié les formations opérationnelles et tactiques, notamment des PSIG. On a renouvelé et renforcé les matériels, les véhicules, les blindés. On travaille sur le retour du maintien de l’ordre en zone rurale, après les affrontements de Sainte-Soline. On crée sept nouveaux escadrons et on augmente nos capacités de projection rapide avec les escadrons Guépard du GBGM. Et puis, bien sûr, on renforce les missions de contact avec la population, dans le but de consolider la légitimité de l’État. Durant la pandémie de COVID, on a prouvé, avec l’opération #RépondrePrésent, que les gens pouvaient compter sur nous pour les aider à traverser la crise. Ils ont vu qu’on était à leurs côtés quoi qu’il arrive, par-delà nos missions traditionnelles. Aujourd’hui encore, on capitalise sur tout ce que l’on a fait au cours de cette période exceptionnelle.

Crédits photo UGO AMZE SIPA PRESS- Manifestations de Sainte-Soline -Dept des Deux-Sèvres (79)

Le monde cyber et le numérique ont changé notre modèle de société. Comment la gendarmerie s’y est-elle adaptée ?

Le cyber est l’un des très grands défis du XXIe siècle, au-delà même de ce que l’on peut dès à présent imaginer. Notre environnement stratégique a d’ores et déjà été profondément bouleversé. C’est un espace à part entière où se développent des menaces inédites pour notre souveraineté, notre démocratie, la sécurité des personnes, des biens et des données – des menaces qui font fi des frontières entre les États comme entre les sphères publiques et privées. Aujourd’hui, presque tous les phénomènes criminels exploitent le numérique et sont répliqués dans le cyber. Sans compter que toute crise majeure comporte aussi désormais une forte dimension cyber. On a donc dû s’adapter et s’organiser. Depuis trois ans, j’en ai fait une priorité absolue. L’objectif, c’est de conserver la supériorité technologique, d’anticiper le rythme des innovations et de réduire le plus possible les vulnérabilités. Dès 2021, nous avons créé le Commandement de la Gendarmerie dans le cyberespace qui pilote notre stratégie et coordonne nos différentes structures nationales et territoriales. Nos 10 000 cybergendarmes agissent ainsi sur la totalité du spectre, de la prévention à l’intervention en passant par l’investigation et l’appui technique. En parallèle, nous avons impulsé la création, à Lille, d’un Centre national de formation cyber. J’y insiste, la formation de nos personnels et le recrutement de spécialistes constituent la clé de notre efficacité. Aujourd’hui, nous passons à l’étape supérieure. Comme l’a souhaité le ministre de l’Intérieur, un grand ComCyber est en train d’être créé à l’échelle ministérielle pour rassembler toutes nos forces. Commandé par un général de Gendarmerie, il sera le correspondant au ministère de son homologue des Armées et sera armé par des gendarmes du ComCyberGend et des policiers.

L’intelligence artificielle vous aide-t-elle et, le cas échéant, comment l’utilisez-vous ?

Elle nous offre en effet des possibilités très intéressantes et on les saisit. À mes yeux, le critère essentiel est celui du progrès, autrement dit l’innovation qui nous aide à mieux faire notre travail et en l’occurrence à mieux protéger la population. Il y a des tâches pour lesquelles l’IA sera toujours plus efficace que le cerveau humain, notamment pour le traitement de la donnée de masse. Et cela nous permet de dégager du temps et des effectifs pour être davantage sur le terrain. Mon objectif, c’est que tous les gendarmes sachent pourquoi et comment les IA peuvent nous servir. Je ne leur demande pas d’être tous des experts, mais je veux qu’ils se posent les bonnes questions et qu’ils aient conscience de ce qu’ils peuvent attendre de ces outils : comment bien les utiliser pour en obtenir des résultats efficaces qui viennent servir la mission. Il faut bien comprendre qu’on ne travaillera plus comme avant ! Chacun d’entre nous doit donc maîtriser au moins l’utilisation de ce type d’outils. En sécurité publique, par exemple, les IA peuvent être des aides à la décision et à l’organisation du service. Plusieurs projets sont dans les cartons, tournés vers un appui à l’exécution de la mission des gendarmes comme vers l’aide à nos concitoyens dans la saisine de l’institution.

« Le Pandore et la Gendarmerie N°33- est consacré à la révolution de l’intelligence artificielle et son utilisation au sein de la Gendarmerie Nationale.

Plus de 200 brigades de gendarmerie supplémentaires vont être déployées jusqu’en 2027. S’agit-il de reconstituer un maillage territorial sérieusement malmené entre 2007 et 2016 où 500 brigades ont été fermées ? Que vont-elles apporter ?

Le 2 octobre dernier, comme il s’y était engagé, le président de la République a annoncé la carte de nos 239 nouvelles brigades – jusqu’à quatre par département, avec une création nette de 2 100 nouveaux effectifs. Concrètement, il y aura donc de dix à quarante gendarmes en plus dans chaque département. C’est là un moment historique ! Grâce à la LOPMI très ambitieuse portée par Gérald Darmanin, on inverse la tendance de ces vingt dernières années, qui avaient en effet été marquées par la suppression de près de 500 brigades. Ce qui avait laissé un grand vide dans bien des territoires… Là, on reprend pied partout, et d’abord là où les gens ont le plus besoin de nous. On redensifie notre maillage. Et il y aura plusieurs types de brigades, fixes et mobiles, pour qu’on puisse s’adapter aux besoins concrets des territoires, dans une logique de « sur mesure ». Les brigades mobiles pourront bénéficier de nouveaux véhicules correspondant à des missions d’accueil et de prise de plainte en mobilité, et elles viendront appuyer les brigades fixes existantes. Nous allons ainsi pouvoir renforcer notre présence visible et accessible sur la voie publique, renforcer notre proximité avec la population et consolider notre ambition d’« aller vers » les gens : d’assurer non seulement le « dernier kilomètre », mais aussi les « derniers mètres ». C’est vraiment tout le sens de notre stratégie : que les gendarmes soient le plus possible dehors, sur le terrain, au contact direct de la population. Toutes les décisions que nous prenons poursuivent cet objectif. C’est ainsi, j’en suis convaincu, qu’on assure à la fois la sécurité et le sentiment de sécurité.

Qu’en est-il du renouvellement du matériel ? Ainsi que de la rénovation du parc immobilier, alors que de nombreux logements sont jugés insalubres par leurs occupants ?

Là aussi, on fait en sorte de donner aux gendarmes les meilleures conditions de travail possibles. C’est du bon sens : on protège mieux les gens quand on est soi-même heureux dans sa vie personnelle et professionnelle ! C’est la raison pour laquelle j’ai d’emblée installé cette symétrie des attentions au cœur de la stratégie GEND 20.24. Depuis 2017, on a déjà franchi plusieurs étapes importantes, la trajectoire est très positive. Nous avons ainsi obtenu 18 000 nouveaux véhicules opérationnels. Ce grand mouvement de modernisation a concerné aussi bien les véhicules courants de nos brigades que nos véhicules spéciaux, notamment ceux des escadrons mobiles. Nous renouvelons l’intégralité des véhicules dédiés au maintien de l’ordre public. Nos 90 nouveaux blindés vont progressivement remplacer nos anciens VBRG. Après 45 ans de bons et loyaux services, il était en effet plus que temps de les changer ! Nous allons également compléter les capacités de notre flotte aérienne avec les hélicoptères H160. Concernant les matériels numériques, on a d’ores et déjà réalisé un effort important, avec l’acquisition de 120 000 terminaux Néogend et près de 50 000 PC portables Ubiquity.

Vidéo du dispositif – Sécurité | Ubiquity, le nouveau dispositif de proximité de la gendarmerie du Morbihan – Nov. 2021

Les gendarmes peuvent ainsi travailler en mobilité, avec les outils de la brigade dans la main et toutes les applications dont ils ont besoin sans être obligés de retourner dans leurs locaux de service. On a évidemment été très attentif à la protection de nos militaires, ce qui s’est traduit par l’achat de plus de 102 000 nouveaux gilets pare-balles individuels. Sur l’immobilier, j’ai bien conscience qu’il y a des situations problématiques dans certaines casernes. Depuis 2021, 653 millions d’euros ont été engagés pour améliorer notre parc domanial. Le contexte inflationniste n’aide pas, certes, mais nous poursuivons les efforts de rénovation mis en œuvre depuis le Beauvau de la Sécurité. Une caserne sur deux est aujourd’hui concernée, notamment dans le cadre du plan « poignées de portes » lancé par le ministre. Par ailleurs, grâce aux contrats de partenariat public-privé décidés par le ministre, nous allons financer une partie de nos nouvelles brigades et, plus largement, construire ou enfin rénover plusieurs grandes casernes entre autres. Cela va bien sûr prendre un peu de temps, mais on a des dizaines d’années de retard à rattraper… On se bat pour améliorer les conditions de vie de nos gendarmes et de leurs familles ! C’est essentiel pour nous, car c’est la base de notre modèle.

Concernant les réserves opérationnelles et citoyennes, vous approchez le chiffre des 35.000 hommes et femmes qui les composent. C’est un grand succès ! De quoi êtes-vous le plus fier et comptez-vous augmenter le recrutement ?

La Gendarmerie est le deuxième recruteur de réservistes au sein de la communauté militaire. Actuellement, ils sont en effet 35 000 femmes et hommes, efficaces et engagés. Mais nous voulons aller encore plus loin. Dans le cadre de la LOPMI, nous avons ainsi l’objectif d’atteindre un total de 50 000 réservistes en 2027, ce qui nous permettra de mieux répondre aux besoins opérationnels croissants. Nous voulons également recruter de nombreux cyber-réservistes. Grâce à la Loi de programmation militaire, nous allons aussi pouvoir allonger la durée d’engagement et mieux fidéliser les personnes de bonne volonté qui nous rejoignent. Par ailleurs, nous réfléchissons à des concepts innovants comme le gendarme réserviste patrouilleur. Il y a un vrai désir de s’engager pour le pays, une envie de participer à un effort collectif qui a du sens. Nous devons y répondre ! C’est une manière de renforcer le lien entre la Gendarmerie et la Nation. J’y suis très attaché, car la réserve est à la fois un pilier de notre modèle militaire et un véritable creuset républicain et patriotique. Grâce à elle, nous formons aux savoir-être et aux savoir-faire militaires, tout en transmettant des valeurs essentielles. En cette période si difficile, les Français en ont besoin et nous attendent aussi sur ces enjeux. Donc, oui, je suis très fier de nos réservistes !

Cérémonie Aux Invalides, dédiée à la réserve opérationnelle de la Gendarmerie nationale

Propos recueillis par Jean-Claude SeguinConseiller éditorial du journal « le Pandore et la Gendarmerie « 

Rédigé par pandore

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