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Le dernier fichier géré par la gendarmerie contre les antinucléaires fait grincer des dents. Le conseil d’État vient pourtant de le valider

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Le fichier ODIINuc (Optimisation des Données et Informations d’Intérêt Nucléaire), instauré par un décret d’avril 2024 à l’initiative du ministère de l’Intérieur, suscite une vive inquiétude parmi les associations antinucléaires. Cet outil, géré par la gendarmerie via le Commandement spécialisé pour la sécurité nucléaire (CoSSen), vise officiellement à optimiser le contrôle des accès aux installations nucléaires et à identifier les individus susceptibles de représenter un risque pour leur sécurité.

Il s’agit concrètement d’un système de collecte et d’analyse d’informations sur des personnes « impliquées » dans des événements pouvant compromettre la sûreté nucléaire. Cette implication peut être directe (participation active) ou indirecte (abstention fautive, comme ne pas vérifier un badge d’accès), une formulation jugée floue par ses détracteurs.

« Atteinte à la vie privée »

Plusieurs organisations, notamment Greenpeace France, le Réseau Sortir du nucléaire et Cacendr, ont dénoncé dès 2024 les contours incertains de ce fichier. Elles redoutent une atteinte grave aux libertés fondamentales, notamment à la vie privée, à la liberté d’expression et au droit de manifester, dénonçant un fichage déguisé des militants. Selon elles, ODIINuc permettrait de stocker des données sur des individus uniquement en raison de leurs opinions ou de leur engagement militant, ce qui constitue une dérive dangereuse vers un fichage politique.

Le Conseil d’État vient de valider le fichier

Malgré ces alertes, le Conseil d’État a validé le fichier le 23 juillet 2025, tout en reconnaissant que des atteintes aux libertés fondamentales existent. Il a néanmoins estimé que celles-ci restaient proportionnées aux objectifs de sécurité poursuivis. Cette décision a renforcé les craintes des associations, qui y voient une légitimation de pratiques arbitraires et une menace pour la démocratie. Elles dénoncent le fait que des actions militantes, pourtant protégées par la liberté d’expression, puissent suffire à faire l’objet d’un fichage.

Face à ce qu’elles considèrent comme un grave recul des droits, ces organisations envisagent désormais de porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). Pour elles, la validation d’ODIINuc marque un tournant préoccupant dans la surveillance des mouvements sociaux et le traitement des militants engagés dans des luttes environnementales et citoyennes.

Rédigé par pandore

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