Trois anciens chefs du GIGN, l’unité d’élite de la gendarmerie nationale, incarnent aujourd’hui la figure du héros moderne dans le monde civil, en devenant les garants de la sûreté de grandes entreprises stratégiques françaises. Ces parcours exemplaires, au service de la nation puis des intérêts majeurs du pays, illustrent la confiance sans faille accordée à ces hommes d’action et de rigueur.
À commencer par le général Ghislain Réty, actuellement commandant du GIGN, qui prendra à l’automne 2025 la tête de la direction sûreté d’Air France, l’une des compagnies aériennes les plus emblématiques au monde. Son arrivée intervient après un départ précipité du précédent responsable, et c’est un signe fort envoyé par l’entreprise : confier sa sécurité à un homme de l’ombre dont la carrière témoigne d’un engagement total envers la protection des vies humaines.
Nommé à la tête du GIGN en août 2020, le général Réty est à l’origine d’une réforme profonde et structurante baptisée GIGN 3.0, la deuxième transformation majeure de l’unité depuis sa création en 1974. En absorbant les 14 antennes régionales et ultramarines, cette réforme a permis de multiplier les effectifs par deux, passant de 400 à 1 000 personnels, tout en renforçant la réactivité et la cohérence opérationnelle de l’ensemble. Le GIGN, déjà reconnu comme un acteur clé de la sécurité intérieure française, est ainsi devenu un modèle d’efficacité et de modernité, grâce à la vision stratégique de son commandant. L’intégration du général Réty chez Air France illustre une continuité logique : celle de la protection d’enjeux critiques, dans un contexte international de plus en plus complexe.
Le général Favier
Autre figure tutélaire de cette élite de la gendarmerie, le général d’armée Denis Favier, a quant à lui rejoint le géant énergétique français Total, il y a un peu moins de 10 ans, après une carrière marquée par l’excellence et le respect unanime. Le général Favier est l’un des rares officiers généraux dont le parcours transcende les frontières du monde militaire. Il a été directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN), mais aussi conseiller du ministre de l’intérieur Manuel Valls, qui présida lui-même, fait exceptionnel, la cérémonie d’adieu aux armes du militaire aux Invalides en août 2016.
Le général Favier, ancien patron du GIGN, s’est illustré à de nombreuses reprises sur le terrain : preneurs d’otages, interventions à haut risque, gestion de crises majeures. Charismatique, droit, respecté, il a su incarner le calme dans la tempête. Son arrivée chez Total n’a pas été qu’un transfert de compétences : c’est l’assurance pour une entreprise opérant dans des zones parfois instables, de disposer d’un homme à la fois stratège et opérationnel, capable d’anticiper et de gérer les risques les plus critiques.
Le général Kim
Enfin, un troisième ancien du GIGN, le général Olivier Kim, a également été appelé cette année à renforcer la sûreté d’un autre pilier de l’économie française : Suez, spécialiste mondial de la gestion de l’eau et des déchets. Bien que moins médiatisé, son parcours s’inscrit dans la même logique : celle d’un passage naturel entre la protection de la nation et celle des intérêts vitaux de ses grandes entreprises.
Ces hommes ne sont pas seulement des militaires aguerris : ils sont devenus des acteurs majeurs de la sécurité économique et stratégique nationale. Leur passage du terrain opérationnel aux hautes fonctions civiles illustre la porosité grandissante entre le monde de la défense et celui des grandes entreprises, confrontées à des menaces multiformes, allant du terrorisme aux cyberattaques. À travers leurs nouvelles missions, ces anciens patrons du GIGN continuent à incarner l’excellence française, avec une humilité forgée dans l’action et un sens du devoir inaltérable. Ce sont, à bien des égards, des héros discrets mais essentiels de notre temps.
Jean-Claude Seguin