Le général d’armée Christian Rodriguez, patron de l’Institution, a tenu à le rappeler à ses hommes, à le répéter haut et fort, en ce début 2022, soulignant l’ambition de la gendarmerie pour les années qui viennent et sa stratégie à définir un nouveau modèle d’armée :
« SOLDATS DE LA LOI : NOTRE STATUT MILITAIRE AU SERVICE DES FRANÇAIS
Depuis 35 ans que je sers la France en Gendarmerie, j’ai mûri une solide conviction : nous sommes d’abord et nous serons toujours une force militaire. C’est là notre fierté et notre efficacité. Ce pour quoi nous nous sommes engagés et ce qui nous permet d’accomplir au mieux nos missions de protection des Français, aux côtés de nos camarades policiers sous l’autorité du ministre de l’Intérieur. Chacune de mes affectations successives me l’a confirmé, chacune des épreuves traversées, de même que chacune de ces dernières années passées à la tête de notre Maison.
Disons-le d’emblée : ni totem ni tabou, notre identité militaire est tout simplement notre réalité quotidienne. Cette évidence vécue par nos 134.000 gendarmes d’active et de réserve, le président de la République l’a lui-même rappelée, le 19 janvier dernier, dans son adresse aux forces armées.
Militaires, nous le sommes par le statut et les obligations qui s’y attachent : la discipline et l’obéissance librement consentie, le contrôle hiérarchique, la réactivité et la disponibilité garanties par la vie en caserne. Nous le sommes par les valeurs et l’état d’esprit : le culte de la mission et le sens du sacrifice, la méritocratie, la camaraderie de l’uniforme qui estompe les différences sociales, la polyvalence et la faculté d’adaptation, l’éthique de l’action, l’exigence de probité et le respect de la règle.
Militaires, nous le sommes par notre sélection rigoureuse et notre formation exigeante, l’aguerrissement tout au long de la carrière, car l’excellence s’entretient comme les fusils. Nous le sommes par nos savoir-faire opérationnels et logistiques : l’approche de la mission par la manœuvre, la démarche capacitaire et la culture de la planification, lesquelles garantissent nos capacités de projection et de montée en puissance. Autant d’aptitudes que nous partageons avec nos camarades des Armées et qui sont aussi des facteurs clés de confiance et de cohésion.
Loin des clichés, notre militarité n’a donc rien à voir avec le militarisme ni avec la militarisation de la sécurité intérieure. Profondément respectueuse des libertés fondamentales, elle en est même l’exact contraire. La militarité n’est pas la rigidité, mais le discernement dans l’analyse combiné à la rigueur dans l’exécution. Elle n’est pas davantage une succession de coups de menton, mais une construction et une maturation intellectuelles : je la conçois comme une philosophie du service et de l’engagement pour le pays.
Bien sûr, c’est en gendarmes que nous vivons notre état et notre vocation militaires. Là réside notre identité propre : nous vivons et nous servons au milieu de la population, au contact direct des gens que nous avons mission de protéger, en métropole comme outre-mer. Cette empathie territoriale et cette acculturation à la diversité du pays, c’est là notre signature. Chez nous, militarité et citoyenneté sont intimement liées : le gendarme est un militaire-citoyen, au sens où il est immergé au cœur de la cité dont il garantit le bon fonctionnement, et il œuvre aux côtés des élus dans une logique de confiance et de redevabilité.
Le gendarme est donc le soldat du quotidien, le soldat du dernier kilomètre. Par là même, il est aussi le soldat de la paix civile. Car son rôle n’est pas de combattre des ennemis, mais de faire respecter les lois de la République et de veiller à la préservation du lien social, en portant une attention toute particulière à nos concitoyens les plus vulnérables.
Nous sommes armés pour affronter les défis à venir. Oui, nous sommes entrés dans le temps des crises, nous vivons une époque de grands bouleversements : pandémies mondiales, terrorisme de masse, catastrophes écologiques, atomisation sociale et territoriale, montée des violences, cybercriminalité exponentielle, etc. Mais je suis convaincu que, dans un tel environnement, notre modèle constitue un atout majeur, une réponse puissante et adaptée aux besoins du pays.
C’est la raison pour laquelle nous ne cessons de renforcer notre caractère militaire. Tel est le cœur de la stratégie GEND 20.24 qui vise à définir un nouveau modèle d’armée pour la Gendarmerie. Telle est l’ambition qui irrigue la plupart de nos transformations, réflexions et initiatives. Organisation, formation et RH, démarche capacitaire, symbolique : en ces quatre domaines essentiels, nous avons d’ores et déjà donné une impulsion militaire décisive. Dans un seul et unique but : nous mettre dès à présent en ordre de bataille pour aborder l’avenir avec sérénité et détermination, bâtir la gendarmerie dont la France a besoin, incarner l’État qui protège les Français en toutes circonstances.
Nous allons évidemment continuer en ce sens dans les mois qui viennent. Des valeurs et des savoir-faire, c’est là ce qui fait la densité du gendarme. Une organisation et des capacités, consolidées sous l’autorité du ministre de l’Intérieur par la future loi d’orientation et de programmation, c’est là ce qui garantira la robustesse de la Gendarmerie. En militaires, comme force armée, nous sommes unis et nous rassurons. Engagés pour le pays, protecteurs de l’arrière-pays : nous répondons présent ! »
Général d’armée Christian Rodriguez,
Source : Gendarmerie Nationale – Le Pandore et la Gendarmerie