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L’orpaillage illégal en Guyane : comment des réseaux chinois alimentent le trafic de l’or

La dernière étude sur l’orpaillage intitulée « Comptoirs et réseaux transnationaux chinois, moteurs de l’orpaillage illégal en Guyane française » de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) se base sur le travail d’enquête et de lutte de la gendarmerie sur le terrain pendant de  nombreuses années, notamment avec l’opération « Harpie » mise en place en 2008. Cette étude vient d’être publiée.

L’orpaillage illégal en Guyane française L’orpaillage illégal en Guyane française constitue un défi majeur pour les autorités et la population locale. Il alimente le crime organisé et aggrave l’insécurité dans la région. La lutte contre cette activité illicite, menée notamment par l’opération « Harpie » depuis 2008, a entraîné la mort de militaires français, et les coûts annuels des opérations de répression s’élèvent à 70 millions d’euros.

Il représente un préjudice économique estimé à plus de 500 millions d’euros par an pour l’économie locale et les finances publiques.

Outre les conséquences économiques, l’orpaillage illégal a également des impacts sanitaires et environnementaux graves avec l’utilisation du mercure et la pollution des sols aux conséquences désastreuses sur les populations amérindiennes françaises.

L’implication des acteurs chinois

Bien que les orpailleurs illégaux brésiliens soient les principaux acteurs de ces activités illicites en Guyane française, les acteurs chinois jouent également un rôle essentiel mais indirect. Les 120 comptoirs chinois établis le long de la rive surinamaise du fleuve Maroni sont cruciaux pour la logistique de l’orpaillage, en fournissant du matériel et des biens essentiels aux chantiers, et en contribuant au financement de ces activités.

En renforçant la résilience des orpailleurs illégaux, les comptoirs et réseaux chinois entravent l’action de l’Etat français, et s’opposent aux intérêts nationaux. L’expansion de ces comptoirs chinois en Guyane française s’inscrit dans un contexte régional favorable, caractérisé par des lacunes dans l’action de l’Etat surinamais et une influence croissante de la Chine. Cette influence chinoise est renforcée par des liens étroits avec certaines élites politiques surinamaises et par un quasi-monopole dans le secteur du commerce, où les communautés chinoises sont intégrées depuis des décennies.

La dépendance des garimpeiros

L’étude de la FRS révèle que les commerçants chinois qui gèrent ces comptoirs fournissent du matériel aux orpailleurs illégaux. En retour, les garimpeiros sont contraints de traiter exclusivement avec ces comptoirs chinois et de payer en différentes monnaies ou en pépites d’or, à des taux inférieurs à ceux des marchés mondiaux. Cette relation étroite entre les orpailleurs brésiliens et les commerçants chinois renforce la dépendance des premiers vis-à-vis des seconds. Cependant, les réseaux qui alimentent ce trafic sont difficiles à traquer.

L’or extrait par les comptoirs est généralement transféré à Paramaribo, la capitale du Suriname voisin, où d’autres acteurs chinois gèrent les comptoirs d’achat d’or. Cette chaîne d’approvisionnement assure une certaine mainmise sur le secteur aurifère. Le cas de la Guyane française s’inscrit dans cette tendance plus large de prédation des ressources minières par des acteurs chinois.

Site d’orpaillage

Il est crucial de mieux comprendre ce phénomène de prédation des ressources minières par les acteurs chinois, ainsi que ses conséquences locales. Cette étude de la Fondation pour la recherche stratégique, basée sur des observations et des entretiens menés lors d’une mission sur le terrain en Guyane française et au Suriname en début 2023, ainsi que sur plusieurs mois de recherches en sources ouvertes, vise à éclairer ce problème complexe.

Retrouver l’intégralité de l’article dans Le Pandore n°38

Rédigé par pandore

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