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L’été 2025 aura marqué un tournant dans la lutte contre une criminalité organisée qui cible directement les exploitations agricoles françaises. En quelques semaines seulement, les gendarmes et magistrats du Sud-Ouest ont réussi à mettre un coup d’arrêt à un vaste trafic international de GPS agricoles, un matériel devenu indispensable à la modernisation des fermes mais aussi une cible privilégiée pour des réseaux criminels très structurés.
Des vols en série
Tout commence en août 2025. Plusieurs exploitations du Gers signalent le vol de systèmes GPS embarqués sur leurs tracteurs. Ces équipements, composés de consoles, antennes et volants spécifiques, valent plusieurs milliers d’euros pièce et sont essentiels pour l’agriculture de précision. Rapidement, les enquêteurs du groupement de gendarmerie du Gers, appuyés par l’Office Central de Lutte contre la Délinquance Itinérante (OCLDI) et la Section de Recherches de Toulouse, établissent un mode opératoire typique : celui du « périple criminel ». Cette technique consiste à commettre une série de vols en un minimum de temps avant de quitter le territoire national, rendant la traque particulièrement difficile.
Les investigations révèlent que la même équipe a sévi non seulement dans le Gers, mais aussi en Ariège et en Haute-Garonne. Leurs déplacements rapides laissent penser à une organisation bien rodée et transnationale.
L’ampleur du trafic
Le 29 août, après une filature minutieuse, les enquêteurs identifient et localisent le véhicule utilisé par les suspects. Un dispositif de surveillance permet de découvrir un dépôt clandestin où le butin était entreposé dans plusieurs sacs. Ce même jour, un premier suspect, un Moldave de 30 ans, est arrêté en flagrant délit alors qu’il venait récupérer la marchandise.
La fouille des sacs confirme l’ampleur du trafic : 18 antennes, 58 consoles de navigation, 4 moteurs de volant et 3 volants. Un véritable arsenal technologique destiné au marché noir européen.
Le lendemain, deux complices, de nationalité lituanienne (39 et 22 ans), sont interpellés en Lozère sur l’autoroute A75 alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Allemagne. Cette arrestation confirme la dimension internationale du réseau.
Une enquête confiée à la JIRS de Bordeaux
Face à la gravité des faits et à leur organisation méthodique, le parquet d’Auch a rapidement transmis le dossier à la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Bordeaux. Une information judiciaire a été ouverte le 2 septembre pour vols en bande organisée, recel en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre des crimes. Les trois suspects ont été mis en examen et placés en détention provisoire.
Les magistrats bordelais poursuivent désormais l’enquête pour établir l’ensemble des périples criminels menés par ce groupe, identifier leurs complices et remonter jusqu’aux circuits d’écoulement du matériel volé à l’étranger.
Une menace récurrente pour le monde agricole
Ce démantèlement n’est pas un cas isolé. En deux ans, c’est déjà le troisième dossier de grande ampleur instruit par la JIRS de Bordeaux sur ce type de criminalité. Rien qu’en 2025, deux affaires similaires avaient déjà été ouvertes, confirmant l’attractivité de ces équipements pour les réseaux criminels internationaux.
Le procureur de la République, Renaud Gaudeul, insiste sur la détermination de la JIRS à poursuivre ce combat. Ces vols fragilisent lourdement les exploitations agricoles, déjà confrontées à des difficultés économiques. En s’attaquant directement aux outils de production, les malfaiteurs portent un coup sévère aux zones rurales françaises.
Un signal fort envoyé aux réseaux criminels
Avec cette opération, la justice bordelaise envoie un message clair : le vol organisé de matériel agricole de haute technologie ne restera pas impuni. Si l’enquête doit encore révéler l’étendue exacte du réseau, l’interpellation des trois premiers suspects marque une étape décisive dans la lutte contre cette criminalité transnationale.
