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Le gouvernement Lecornu II : le tandem Nuñez-Darmanin, symbole d’un virage sécuritaire assumé

Le second gouvernement de Sébastien Lecornu, annoncé dimanche soir 12 octobre par l’Élysée, marque un tournant sécuritaire assumé. En confiant le ministère de l’Intérieur à Laurent Nuñez et en reconduisant Gérald Darmanin à la Justice, le Premier ministre a choisi la continuité et l’autorité dans un contexte politique et social sous tension. Ce gouvernement de 34 membres, qualifié par Lecornu de « gouvernement de mission », a pour objectif premier de présenter un budget avant la fin de l’année. Mais à travers ses choix, il affiche surtout une volonté de réaffirmer l’ordre républicain et la fermeté de l’État.

Laurent Nuñez, préfet de police de Paris jusqu’à sa nomination, devient ministre d’État et prend la tête de la Place Beauvau. Sa désignation, après le départ du Républicain Bruno Retailleau, confirme la priorité donnée aux questions de sécurité. Ancien directeur général de la sécurité intérieure (DGSI) et secrétaire d’État auprès de Christophe Castaner, Nuñez est un haut fonctionnaire chevronné, rompu à la gestion de crises et aux questions de renseignement. Pilier de l’organisation sécuritaire des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, il incarne la technicité et la loyauté recherchées par l’exécutif. Emmanuel Macron l’avait d’ailleurs décoré de la Légion d’honneur en septembre, saluant sa « bienveillance sincère » et son « humilité rare ».

Signal positif

Sa nomination est perçue par les syndicats de police comme un signal positif, voire un soulagement. L’UNSA Police salue « l’arrivée d’un haut fonctionnaire qui connaît les réalités du terrain », tandis qu’Alliance Police Nationale y voit un « gage de stabilité » dans un ministère où les changements rapides ont fragilisé la continuité de l’action publique. Le syndicat Un1té, plus prudent, avertit toutefois que « la filière Investigation est à bout de souffle » et réclame « un plan d’urgence » pour restaurer l’efficacité et la motivation des enquêteurs. Nuñez, familier des débats sur les moyens et la doctrine d’emploi des forces, hérite ainsi d’un ministère où la pression est constante : violence des manifestations, montée de la délinquance, crise du recrutement policier.

Son profil tranche avec celui de son prédécesseur. Policé, discret, méthodique, Laurent Nuñez se distingue par sa capacité à naviguer entre les services de renseignement et les forces opérationnelles. Ses détracteurs lui reprochent toutefois d’avoir cautionné un usage jugé excessif de la force lors des mobilisations contre la réforme des retraites. Mais sa rigueur et sa connaissance fine de l’appareil d’État font de lui un choix de confiance pour un exécutif en quête de maîtrise. À soixante et un ans, le natif de Bourges revendique un ancrage provincial qu’il n’a jamais renié, tout en incarnant la technocratie sécuritaire française dans ce qu’elle a de plus structuré.

Darmanin confirmé

En parallèle, Gérald Darmanin conserve le portefeuille de la Justice, confirmant le virage sécuritaire global du gouvernement Lecornu II. Après un passage remarqué à l’Intérieur, il s’était installé place Vendôme en septembre dernier, à un moment de grande crispation institutionnelle. Reconduit dans ses fonctions, il se veut garant de « l’ordre républicain, de l’autorité de l’État et de la concorde nationale ». Dans sa déclaration sur X, il insiste sur sa « gravité » et son choix de « servir le pays sans renier aucune de [ses] convictions ». En conservant Darmanin à ce poste stratégique, le président et le Premier ministre réaffirment un tandem sécuritaire équilibré : l’un, Nuñez, pour la gestion opérationnelle des forces et du renseignement ; l’autre, Darmanin, pour l’appareil judiciaire et la cohérence institutionnelle de la réponse pénale.

Rédigé par pandore

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