La flotte aérienne de la Gendarmerie nationale traverse une zone de fortes turbulences. Sept ans après s’être félicitée d’un taux de disponibilité record de 90 % pour ses 56 hélicoptères, l’institution fait aujourd’hui face à une dégradation alarmante de son parc.
Selon les derniers chiffres du Projet de loi de finances 2026, la disponibilité moyenne des appareils s’effondre : seulement 54 % pour les vénérables AS350 Écureuil, dont certains ont plus de quarante ans, 76 % pour les EC135 et 69 % pour les EC145. Les causes sont multiples : vieillissement des appareils, pénurie de pièces détachées, retards dans les visites de maintenance et limites des solutions d’externalisation.
Certaines missions compromises
Le général Hubert Bonneau, directeur général de la Gendarmerie nationale, a tiré la sonnette d’alarme devant les députés le 15 octobre. « J’ai déjà perdu dix hélicoptères Écureuil, qui ont atteint leur durée de vie maximale. Sans nouvel achat, nous devrons abandonner des missions », a-t-il prévenu. Il réclame 22 nouveaux EC145D3 dès 2026, sous peine de voir la flotte amputée de manière « très significative ».
Les dix H160 commandés en 2022, censés moderniser les Forces aériennes de la Gendarmerie (FAG), se font toujours attendre. Leur livraison est freinée par des arbitrages budgétaires, malgré les 7 milliards d’euros prévus pour la Gendarmerie dans le budget « Sécurités » de 2026.
Cette crise technique menace directement les missions vitales des hélicoptères : surveillance, maintien de l’ordre, secours en montagne et appui aux forces armées. En parallèle, le général Bonneau plaide pour le retour d’avions légers dans les outre-mer, où les distances rendent l’emploi des hélicoptères peu efficace, ainsi que pour le développement de drones de moyenne endurance encore inexistants sur le marché français.
En attendant une relève, les gendarmes volants doivent faire durer leurs machines vieillissantes, quitte à suspendre certaines unités pour les entretenir. Une situation qui illustre un malaise plus large : la modernisation des moyens aériens de la sécurité intérieure reste en panne sèche.