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Gendarmerie nationale : le signal d’alarme d’une armée à bout de souffle

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Des FAMAS à bout de course, des blindés en nombre dérisoire, des véhicules manquants par milliers : la Gendarmerie nationale tire la sonnette d’alarme. À l’heure où les tensions internationales s’exacerbent et où les menaces intérieures se multiplient, la force militaire chargée de la sécurité du territoire français confesse son impuissance matérielle. Son directeur général, le général Hubert Bonneau, auditionné à l’Assemblée nationale le 15 octobre dernier, a dressé un constat implacable : la Gendarmerie vit un délitement silencieux de ses moyens.

Militaire par statut, la Gendarmerie est enfermée dans une contradiction structurelle. Depuis son rattachement au ministère de l’Intérieur en 2009, elle dépend d’un budget pensé pour la sécurité du quotidien, alors qu’elle demeure une composante essentielle de la défense nationale. « En cas d’engagement majeur à l’Est, qui tiendra le territoire national ? » a lancé le général Bonneau, mettant les députés face à une question vertigineuse : la France est-elle encore capable de se protéger elle-même ?

Le chiffre d’affaires budgétaire de la Gendarmerie atteint plus de 10 milliards d’euros par an, mais 80 % sont absorbés par la masse salariale. Résultat : aucune marge réelle pour l’équipement. Les gendarmes sont toujours dotés de FAMAS conçus dans les années 1970, alors que leur maintenance s’arrêtera en 2030. Aucun financement n’est prévu pour leur remplacement dans la Loi de programmation militaire. Le parc blindé, obsolète, ne pourrait faire face à une crise de haute intensité. Et la flotte automobile est exsangue : 10 000 véhicules manquent à l’appel. Pour respecter un rythme normal de renouvellement, il faudrait remplacer 3 750 véhicules par an ; seuls 5 000 l’ont été en quatre ans.

Le tableau est tout aussi sombre pour les moyens aériens. Des hélicoptères quadragénaires, parfois cloués au sol, contraignent à fermer des bases entières. Sans commande urgente d’ici 2027, certaines sections aériennes devront cesser toute activité. Le ciel français pourrait se vider de ses gendarmes.

Sur le front immobilier, le constat est accablant : casernes vétustes, loyers en explosion, entretien sacrifié. Les dépenses locatives ont doublé depuis 2009 pour atteindre 628 millions d’euros, et pourraient grimper à un milliard d’ici dix ans. Pendant ce temps, les crédits de rénovation plafonnent à 352 millions, loin des 400 millions nécessaires chaque année.

Les effectifs, eux, stagnent. Avec 2,8 gendarmes pour 1 000 habitants, la France n’a toujours pas retrouvé son niveau de 2007. Les créations de postes promises par la LOPMI peinent à se concrétiser : à peine 70 % des objectifs seront atteints d’ici 2027. La gendarmerie mobile, surengagée, est à la limite de la rupture, tandis que les unités d’outre-mer suppléent les forces locales faute de mieux.

Enfin, la réserve, pourtant dynamique avec 38 000 volontaires, manque cruellement de moyens. « Je peux recruter, mais je ne peux pas les équiper », résume le général Bonneau. Des citoyens prêts à servir, mais sans armes ni uniformes.

Face à ces défaillances cumulées, la question posée résonne comme un avertissement : si la guerre venait frapper aux portes de la France, qui défendrait le territoire ? La Gendarmerie, colonne vertébrale de la sécurité intérieure, se délite sous le poids d’un État qui semble l’avoir oubliée. Et le jour où l’urgence surviendra, il sera trop tard pour réparer vingt ans d’abandon.

Jeremy Armante
Directeur de publication

Rédigé par pandore

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