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Général Soubelet: “Les chiffres de la délinquance sont manipulés, et je sais de quoi je parle”

Numéro 3 de la gendarmerie jusqu’en 2016, le général Soubelet a dû rendre son képi après avoir mis en cause la politique pénale du gouvernement. À la rescousse de ses anciens collègues étrillés par les statistiques, il milite désormais pour une refonte de la justice du quotidien

Général Soubelet, ancien numéro 3 de la Gendarmerie Nationale

Un bref moment engagé en faveur d’Emmanuel Macron, le général Bertrand Soubelet est aujourd’hui vice-président d’Objectif France, mouvement d’inspiration libérale.

SUD OUEST : Les dernières statistiques montrent que la délinquance gagne fortement les zones périurbaines et les campagnes. Y a-t-il un problème de savoir-faire dans la gendarmerie, que certains caricaturent comme une police des champs ?

Bertrand SOUBELET : Disons déjà que les confinements auront vu migrer une partie de la population hors des villes, et qu’ils ont aussi fait exploser les violences intrafamiliales, phénomène qui touche particulièrement les zones gendarmerie. Pour le reste, ces chiffres n’ont rien à voir avec la réalité. Discutez-en avec les magistrats, ils vous diront tout ce que sont capables de faire les gendarmes, parfois de manière techniquement plus habile que certains policiers.

SUD OUEST : En 2013, lors de cette audition à l’Assemblée qui vous a coûté votre poste, vous disiez déjà que la notion de “sanctuaire rural” n’existait plus. Par la faute de la pression démographique, ou bien d’un durcissement des moeurs ?

Bertrand SOUBELET : Les deux. Désormais, les campagnes sont plus facilement atteignables depuis les grandes villes. De véritables raids sont organisés pour aller taper là où il y a encore des choses à gratter. En parallèle, le comportement des ruraux s’est un peu durci. Une délinquance bien différente, très à la marge mais assez triste, poussée par la précarisation et la nécessité de survie.

SUD OUEST : Le ministre de l’Intérieur s’est engagé à publier chaque mois ses statistiques. Bel effort de transparence, ou bien les chiffres continueront-ils de dire que ce qu’on veut leur faire dire ?

Bertrand SOUBELET : Rien de nouveau, et je sais de quoi je parle. Quand j’étais directeur des opérations et de l’emploi de la gendarmerie, j’ai vu comment les statistiques pouvaient être manipulées. Si elles ne plaisaient pas, on nous répondait qu’il ne fallait pas parler de ça. De ça, c’est-à-dire du quotidien des Français ! C’est d’autant plus regrettable que ces indicateurs seraient très utiles pour faire évoluer notre politique pénale. S’il s’agit juste de faire de la communication politique, ça n’a strictement aucun sens de continuer comme ça.

S.O. : N’est-ce-pas un voeu pieux lorsque les chefs de service se rendent parfois eux aussi complices du système ?

B.S. :Parce qu’ils ont la pression, hiérarchique et financière, leurs primes étant indexées sur ces résultats. Si les politiques avaient une vraie vision pour le pays, jamais ils ne se serviraient de la délinquance pour gagner quelques points dans les sondages.

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S.O. :Puisque la compétence des forces de l’ordre n’est pas en cause, le souci viendrait alors d’une justice pas assez sévère à votre goût ?

B.S. : Les juges sont assez sévères, sauf quelques uns qui rendent la justice selon leurs convictions personnelles. Le problème vient plutôt du fait qu’ils sont complètement limités dans leurs décisions. Il n’y a pas assez de places en prison, certes, mais c’est parce que notre système met encore les gens derrière les barreaux pour tout et n’importe quoi. C’est complètement ridicule, il faut donner aux magistrats des alternatives, et changer profondément notre code pénal pour n’envoyer que les vrais criminels en prison. Pour les autres, coupables de vols ou de délits, frappons au portefeuille. Je ne parle pas d’amendes, mais bien de lourdes peines financières. Quant aux petits jeunes qui commencent à déconner, des travaux d’intérêt général systématiques.

Rédigé par pandore

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