Une vaste opération conjointe menée par la section de recherches de la gendarmerie de Marseille et l’Office national anti-fraude (ONAF) a permis de démanteler un important réseau international de trafic de drogues de synthèse reliant les Pays-Bas, la France et l’Algérie. L’affaire, initiée par un renseignement de l’OFAST fin 2024, visait une organisation implantée à Marseille soupçonnée d’importer de la MDMA depuis le Benelux pour la revendre en Algérie.
En novembre 2024, une enquête préliminaire est ouverte par le parquet de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille pour importation et exportation de stupéfiants en bande organisée, ainsi qu’association de malfaiteurs. Rapidement, les investigations confirment l’existence d’un trafic structuré et transnational. Les enquêteurs découvrent une logistique sophistiquée : la drogue était convoyée en TGV depuis Lille-Europe jusqu’à Aix-TGV avant d’être dissimulée dans des produits de grande distribution — spas, pergolas, climatiseurs — puis expédiée vers l’Algérie via le port de Marseille.
L’argent de la revente transitait par un système informel de collecte de type « saraf », destiné à réinjecter les fonds dans le circuit d’approvisionnement. Ce mécanisme permettait aux trafiquants marseillais de financer de nouvelles cargaisons tout en brouillant les pistes financières.
Opération d’envergure
Le 13 octobre 2025, une opération d’envergure est déclenchée. Informés d’un acheminement en cours entre Lille et Aix, les gendarmes, appuyés par le GIGN d’Orange, interceptent trois suspects. Dans les jours suivants, cinq autres interpellations sont menées simultanément dans plusieurs pays européens : en Belgique, à Mons-Tournai, par la police judiciaire locale, et en Espagne, à Benidorm, par l’unité anti-drogue UDICO.
Le bilan de cette opération judiciaire est conséquent : 88 kilogrammes d’ecstasy ont été saisis, ainsi que 75 000 euros en numéraire, 10 000 euros sur comptes bancaires, un pistolet automatique, huit véhicules et un bien immobilier estimé à 300 000 euros.
Huit individus ont été mis en examen. Trois ont été placés en détention provisoire, deux sous contrôle judiciaire, tandis que trois autres attendent une décision sur leur placement en détention.
Cette opération illustre la coopération efficace entre les services français et européens dans la lutte contre le narcotrafic transnational. Elle met également en lumière l’évolution du trafic de drogues de synthèse, dont les circuits s’appuient sur des infrastructures commerciales et logistiques de plus en plus élaborées.