Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé ce mercredi l’envoi en renfort de deux escadrons de gendarmes mobiles en Martinique, soit près de 150 militaires. Cette décision intervient à la suite de graves incidents survenus à Fort-de-France, où des forces de l’ordre ont essuyé des tirs lors d’opérations de sécurisation.
Dans la nuit de mardi à mercredi, cinq gendarmes ont en effet été légèrement blessés par des tirs de plomb alors qu’ils patrouillaient pour sécuriser un axe routier. Parallèlement, des groupes hostiles ont dressé des barrages enflammés et lancé divers projectiles contre les forces de sécurité. Trois personnes ont par ailleurs été interpellées mardi, notamment lors d’une tentative de blocage de l’accès à l’aéroport.
Condamnation ferme
Face à cette escalade, Bruno Retailleau a fermement condamné des « criminels » qui, selon lui, s’attaquent directement à l’ordre républicain. Il a affirmé que l’État mettrait tout en œuvre pour protéger les habitants de l’île et garantir la continuité des services essentiels. La préfecture a indiqué que les barrages installés avaient été rapidement dégagés, mais insiste sur la détermination d’une minorité d’individus à troubler l’ordre public par des actions violentes.
Ces violences urbaines surviennent dans un climat social déjà fragile. Un an plus tôt, la Martinique avait été marquée par un important mouvement contre la vie chère, conséquence d’un coût moyen des produits alimentaires environ 40 % supérieur à celui de la métropole, selon les données de l’Insee en 2022. Les tensions s’étaient cristallisées à travers des émeutes en septembre et en octobre 2024, traduisant le malaise économique et social persistant dans l’île.
Frange radicalisée
Ainsi, les événements actuels apparaissent comme une nouvelle étape dans la confrontation entre forces de l’ordre et une frange radicalisée de la population, exploitant le mécontentement général. Le recours à des renforts de gendarmerie traduit la volonté du gouvernement de prévenir tout embrasement plus large et de rétablir rapidement la sécurité.
La situation reste néanmoins préoccupante : d’une part, en raison des attaques armées inédites qui ciblent directement les forces de sécurité ; d’autre part, du fait du contexte socio-économique tendu qui nourrit les frustrations locales. Le déploiement annoncé par le ministre de l’Intérieur vise à réaffirmer l’autorité de l’État, mais aussi à rassurer la population martiniquaise sur la volonté des pouvoirs publics de protéger les citoyens face aux violences.