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Trente-sept ans après, première victoire pour d’anciens gendarmes otages à Ouvéa

En 1988, lors de la prise d’otages sur l’île d’Ouvéa en Nouvelle-Calédonie, 27 gendarmes furent capturés par un groupe de 35 indépendantistes kanaks. L’assaut de la grotte de Gossanah, mené par l’armée française pour libérer 15 otages encore détenus, fit 21 morts, dont 19 indépendantistes et deux militaires. Cet événement, survenu dans un contexte tendu entre Kanaks et Caldoches, a laissé de profondes séquelles physiques et psychologiques aux gendarmes.

Pour l’obtention d’une médaille

En 2020, quatorze d’entre eux avaient demandé la médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme. Le ministère de la Justice avait rejeté ces demandes, en s’appuyant sur deux arguments : l’amnistie prononcée après les faits et l’absence de qualification judiciaire d’« acte de terrorisme ». Six gendarmes avaient alors saisi le tribunal administratif de Montpellier, qui rejeta leur recours en 2023, reprenant les mêmes justifications.

Toutefois, la cour administrative d’appel de Toulouse vient de donner raison aux requérants. Elle a estimé que l’administration avait commis une erreur de droit en se fondant uniquement sur des motifs juridiques liés à l’amnistie et à l’absence de qualification pénale. La cour rappelle que l’attribution de la médaille peut s’appuyer sur une appréciation propre des faits par l’administration, même en l’absence de condamnation pénale pour terrorisme. Elle ordonne ainsi le réexamen du dossier dans un délai de trois mois et condamne l’État à verser 1.000 euros à chacun des six gendarmes.

Les traumatismes de l’époque

Éric Alengrin, l’un des anciens otages, se réjouit de cette décision. Pour lui, le refus initial reposait sur une volonté de faire oublier cette affaire politiquement sensible. Il affirme que l’acte de 1988 porte toutes les caractéristiques d’un acte terroriste : attaque armée, assassinats, prise d’otages. Il insiste cependant sur le fait que les gendarmes ne désignent pas les indépendantistes comme des terroristes, mais considèrent leurs actions comme telles.

Ces anciens militaires, restés marqués par les traumatismes de l’époque, ont été longtemps ignorés, voire blâmés par leur hiérarchie. Certains vivent reclus, avec de graves séquelles. Une autre procédure est en cours devant le tribunal administratif de Lille, visant à déterminer si la gendarmerie a failli à ses obligations en ne les avertissant pas de l’attaque imminente. Ces démarches juridiques visent à obtenir reconnaissance, réparation et apaisement pour les victimes et leurs familles.

Rédigé par pandore

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